Depuis sa création en 1989, Act Up-Paris se bat avec et pour toutes les minorités. C’est intrinsèque à la lutte contre le sida : l’exclusion, le stigmate, la vulnérabilisation, la précarité, les violences, les discriminations de tous ordres, sont autant de facteurs qui favorisent la propagation de l’épidémie de VIH et des autres IST. En tant qu’association de lutte contre le sida, de personnes vivant avec le VIH, nous ne pouvons pas rester silencieuxSES face à une énième ignominie à la conjonction de l’extrême-centre libéral et de l’extrême-droite.

Depuis l’arrivée du FN au second tour de l’élection présidentielle en 2002, nous ne cessons d’alerter et d’agir pour empêcher l’accession de ce parti au pouvoir, parti construit par d’anciens membres de l’OAS et de la waffen SS, des colonialistes opposés à l’indépendance de l’Algérie, de naziEs et autres collabos responsables de la Shoah. Nous n’avons pas oublié les propos de Jean-Marie Le Pen sur les personnes vivant avec le VIH, les “sidaïques” et les “sidatoriums”. On n’oublie pas non plus Sarkozy “la France tu l’aimes ou tu la quittes” ou “le bruit et l’odeur” de Chirac.

En 2024, une nouvelle étape mortifère contre nos combats a été franchie. Si les résultats des élections européennes du 9 juin dernier ne nous ont pas surpris, la décision prise par le Président de la République de dissoudre l’Assemblée Nationale nous a sidéré. Le risque de voir l’arrivée au pouvoir du RN devient sous nos yeux imminent.

Cette stratégie politique autoritariste qui dure depuis plus d’une décennie, et s’est accentuée avec Macron au pouvoir depuis 7 ans, continue d’ériger le Rassemblement National en seul opposant politique, tout en permettant la montée des rhétoriques, fascistes, racistes, réactionnaires, islamophobes, homophobes, transphobes, lesbophobes, putophobes, sérophobes, validistes et xénophobes. La dérive ultra sécuritaire s’est installée durablement avec l’augmentation des répressions, des violences policières face aux manifestantEs opposantEs à cette politique, austère, néolibérale et mortifère. Un an après la mort de Nahel et de nombreux autres crimes et violences d’État, perpétrés par la police, les Forces d’Actions Républicaines sont déjà bien présentes dans les quartiers populaires.

A une autre échelle, nous ne cessons de dénoncer l’extrême droitisation des États membres de l’UE qui gagne du terrain en Hongrie, en Italie, en Pologne et au niveau international en Russie, aux États Unis et en Argentine. L’extrême-droite où qu’elle se trouve dans le monde véhicule la haine, bafoue les droits, piétine les libertés et tue.

En France, le RN au pouvoir ce sera l’augmentation des expulsions des étrangerES malades dont des personnes vivant avec le VIH, la suppression de l’AME, la préférence nationale, les attaques sur nos communautés, sur les droits LGBTQI+, des séropos, des malades, des femmes, des putes, des pauvres, des banlieusardEs, des jeunes, des mineurEs isoléEs, des retraitéEs, des toxicos, des enfants, des étudiantEs, des travailleurSEs pauvres, des chômeurSEs, des personnes incarcérées, des personnes handicapéEs, la privation et/ou la restriction des droits sociaux et de santé, les attaques sur nos libertés individuelles et collectives. La vie des personnes vivant avec le VIH sera en danger ainsi que nos communautés mais aussi celle de nombreuxSEs personnes pour qui la perspective du RN au pouvoir représente une menace.
Avec le RN ce sera un état policier, une société qui va davantage se militariser, une machine à expulser, à enfermer, qui privera de droits.
Avec le RN nos libertés individuelles et collectives seront encore plus entravées, la liberté de circuler, la liberté de manifester, et les tentatives de dissoudre tout collectifs et organisations, associations défendant les droits civiques et humains seront très nombreuses. Ce sera une répression violente brutale voire meurtrière contre tous les mouvements contestataires qui s’opposent à cette politique ultra sécuritaire, néolibérale, austère et raciste et qui revendiquent depuis des années le droit de vivre et de mourir dans la dignité, pour une véritable justice sociale, l’égalité des droits, le respect des droits humains, fondamentaux.

Les dégâts seront donc nombreux avec en ligne de mire la criminalisation de la pauvreté et des étrangerEs. Les pauvres sont déjà perçuEs comme des fraudeursEs, les bénéficiaires de l’aide sociale comme des profiteurSEs et les étrangerES comme représentant une menace grave pour la sécurité de l’Etat.

Nous subissons déjà des lois votées dans un contexte d’état d’urgence, la loi 28 février 2017 sur le refus d’obtempérer qui a donné un permis de tuer à la police, la loi de pénalisation des clients du 13 avril 2016, la loi du 7 mars 2016 qui a basculé du ministère de la santé au ministère de l’intérieur les demandes de titre de séjour pour soins. Puis il y a eu toutes ces lois votées à coups de 49-3 et de 47-1.

Cette perspective est catastrophique pour nos communautés.

Depuis 35 ans, nous portons des revendications qui n’aboutiront jamais sous un gouvernement d’extrême-droite. Les “acquis” obtenus de haute lutte sont gravement menacés : le droit des étrangerEs tels que le droit au séjour pour soins, le droit d’asile, le droit des malades, l’Aide Médicale d’Etat, l’accès universel aux traitements, la prise en charge à 100% des traitements antirétroviraux et de la PrEP, les Droits Sociaux et de Santé, le PACS, le mariage pour touTEs, le changement de prénom à l’état civil pour les personnes trans, les droits des TDS, le droit aux soins funéraires pour les personnes décédées du sida, le droit à l’oubli … Nous sommes catégoriques, nous ne reculerons pas.

Nous avons toujours, au fil des années, combattu l’extrême-droite et ses avatars réactionnaires qui ne cherchent qu’à nous décrédibiliser à grands coups de « communautaristes », « d’islamo-gauchistes », « de wokes », « d’anti-républicains ». Rhétoriques disqualifiantes que nous retrouvons aussi dans les discours d’une partie de la gauche. Nous ne sommes pas dupes.

Nous entendons les mêmes éléments de langage promus et visibilisés au sein de nos propres communautés. Les députés gays blancs et bourgeois du RN, au service du pinkwashing, sont nos adversaires politiques. Définitivement. Pour Act Up-Paris, association issue de la communauté homosexuelle durement touchée par le sida, l’homonationalisme n’a pas sa place dans nos communautés.

Les minorités sont en danger. Les offensives contre nos droits et les agressions que nous subissons sont de plus en plus nombreuses, violentes et meurtrières. Nos solidarités, nos luttes, nos résistances sont invisibilisées par les médias majoritaires. De cette société ultra sécuritaire, faite pour les plus riches, on n’en veut pas : nous revendiquons l’autodétermination et le pouvoir d’agir.

Nos communautés doivent se repolitiser et ne pas attendre que la majorité parle en nos noms et places. Nous comprenons le découragement, le moral en berne, la peur qui tétanise et empêche d’agir mais il est temps de faire front ensemble, de montrer que nous ne subirons plus et que nous refusons avec force le RN et les fascistes au pouvoir.

Aujourd’hui, ce sont les hétérosexuelLEs néEs à l’étranger et notamment les femmes d’origine subsaharienne qui sont les plus touchéEs par le VIH. 53% des personnes qui vivent avec le VIH dans le monde sont des femmes. L’extrême-droite s’attaquera aux financements associatifs qui les accompagnent, Marion Maréchal et Jean-Philippe Tanguy ont annoncé à plusieurs reprises dans les médias qu’ils souhaitaient nous couper les subventions, comme au Planning Familial.

Elle s’attaquera à la solidarité nationale avec encore plus d’austérité, elle accentuera la déshumanisation des services publics avec la dématérialisation de l’accès aux droits qui engendrera encore plus de ruptures et de privations de droits ; la casse de l’hôpital public continuera avec des conséquences graves sur la prise en charge des malades, des pauvres et des populations les plus vulnérables.

Le VIH n’a pas de frontières, nos solidarités non plus.

Act Up-Paris appelle ainsi à une coalition, un front commun pour les droits :

  • Des femmes, trans comme cis
  • Des personnes LGBTQIA+
  • Des travailleurs/euses du sexe
  • Des enfants, des jeunes, des étudiantEs
  • Des séropos
  • Des personnes vivant avec un Covid Long
  • Des handicapéEs
  • Des précaires, des travailleursES pauvres, des chomeurSEs
  • Des usagerEs de produits psychoactifs
  • Des personnes incarcéréEs
  • Des étrangerEs malades, des migrantEs, des sans-papiers, des exiléEs, des réfugiéEs
  • Des personnes âgées précarisées
  • Des retraitéEs

Act Up-Paris réaffirme ses combats contre ce qui fait le lit des épidémies et appelle à s’unir pour s’opposer avec force à la perspective de voir le RN au pouvoir.

Nous continuerons de lutter contre :

  • L’antisémitisme, l’islamophobie, et toutes les formes de racisme, y compris le racisme d’Etat et les oppressions systémiques
  • Les violences policières, les répressions, les privations de droits
  • Les violations des droits humains
  • Les politiques sécuritaires et les lois liberticides
  • L’impunité des crimes perpétrés par la police et les crimes contre l’humanité
  • La loi séparatisme
  • Le pacte migratoire européen
  • L’augmentation des franchises médicales, des dépassements d’honoraires, du prix des mutuelles
  • Le déremboursement de médicaments
  • Les inégalités sociales et de santé

Et pour :

  • L’abrogation de toutes les lois votées sous état d’urgence et notamment la loi du 07/03/2016, la loi du 13/04/2016, la loi du 28/02/2017
  • L’abrogation de la réforme des retraites : la retraite à 60 ans pour touTEs
  • L’abrogation de la loi asile immigration
  • L’abrogation de la loi Kasbarian-Bergé sur les squats
  • L’abrogation de la réforme chômage
  • Le droit à la transition des mineurs trans
  • L’individualisation du RSA et toutes les aides sociales égales au seuil de pauvreté
  • Le SMIC à 1600€ net
  • Remettre l’accueil physique et humain au coeur des services publics y compris au sein des préfectures pour les demandes et retraits de titres de séjours

Act Up-Paris a rarement donné des consignes de vote. Aujourd’hui, face à l’urgence sociale, nous appelons à nouveau à une « Mobilisation Générale », reprenant notre mot d’ordre des années 90. Nous appelons de toutes nos forces à aller voter les 30 juin et 7 juillet pour les candidatEs du Nouveau Front Populaire.

Cette gauche est loin d’être idéale. Nous préférons cependant batailler contre elleux que de subir l’extrême-droite au pouvoir pendant plusieurs années. Cet appel les engage pour la suite. Iels devront rendre des comptes.

Formons des coalitions, partout, pour peser sur les pouvoirs politiques.

Contre les fachos, riposte communautaire ! Rejoignez-nous !