Act Up-Paris est une association issue de la communauté homosexuelle et veillant à défendre équitablement toutes les populations touchées par le sida.
Des homosexuels sont à l’origine de la majorité des associations de lutte contre le sida. Act Up-Paris est pourtant la seule de ces associations à revendiquer publiquement et bruyamment son lien avec la population homosexuelle. Il n’est pas anodin que la première manifestation d’Act Up-Paris ait été un die-in lors de la Gay Pride 1989. Depuis, Act Up-Paris n’a jamais manqué d’être présent à la Gay Pride. L’ampleur et la vigueur de notre cortège le 22 juin dernier atteste que nous ne sommes pas trompés. Act Up-Paris bénéfice d’un réel capital de sympathie dans une communauté qui se reconnaît dans ses actions.
Act Up n’est pas pour autant une association verrouillée sur une quelconque identité. Il y a Act Up davantage d’hétérosexuels qu’on pourrait le croire. L’image publique d’Act Up est néanmoins liée à l’homosexualité. C’est une image que nous assumons totalement. Les hétérosexuels d’Act Up-Paris savent tous que leur participation à une manifestation les engage à passer publiquement pour des homosexuels. C’est que l’homosexualité d’Act Up-Paris n’est pas une identité ; elle est un point de vue sur la question du sida. Nous estimons qu’on ne peut comprendre la façon dont a été jusque là gérée l’épidémie de sida que dans la perspective de l’homosexualité.
On sait que les pouvoirs publics n’ont commencé à s’intéresser au sida et à engager un timide travail de prévention qu’à partir du moment où ils ont pris conscience du faut que l’épidémie menaçait effectivement les hétérosexuels. Entre temps, des milliers d’homosexuels avaient été volontairement sacrifiés par la bonne conscience hétérosexuelle majoritaire. C’est en ce sens qu’il est important de parler, quarante ans après la déportation massive des homosexuels dans les camps nazis – et tout en restant conscient des limites de ce qui peut ressembler à un amalgame historique – d’un nouvel holocauste. Jamais, depuis quarante ans, la communauté homosexuelle française n’avait été aussi menacée et attaquée : par le Front national, par l’Eglise, plus récemment par le Sénat et même par ses propres membres. Contrairement aux organisateurs de la Gay Pride, qui ont préféré consacrer leurs efforts aux « acquis » de la communauté homosexuelle, nous estimons que le sida est le révélateur de l’homophobie de notre société, et que si tout n’est pas fait en matière de lutte contre cette homophobie, rien n’est fait en matière de lutte contre le sida. Contrairement à la majorité des associations de lutte contre le sida qui ont fait l’économie de toute revendication homosexuelle (telle association attendu 5 ans avant d’éditer une plaquette consacrée à l’homosexualité), Act Up-Paris a fait de cette revendication le préalable de son action. Nous avons choisi d’affirmer publiquement notre homosexualité et nous nous réservons le droit de révéler celles des personnalités qui, s’obstinant à la dissimuler, font le jeu de l’épidémie.