Le 9 octobre 1997, le rapport du groupe Dormont d’actualisation des recommandations en matière de traitement du VIH sera rendu public. Act Up-Paris se félicite de ce que les avancées thérapeutiques de ces derniers mois soient enfin rassemblées d’une façon claire et cohérente. Act Up-Paris regrette cependant un flou persistant sur trois points :
– sur la charge virale : le rapport omet de préciser le rythme des consultations et des mesures de charge virale. Le nombre annuel de mesures de la charge virale pour le suivi normal d’un patient doit être porté à six, soit une charge virale tous les deux mois (contre une tous les trois à quatre mois actuellement). Le rapport manque de précision sur les modalités de démarrage ou de changement de traitement. Aucune décision de démarrage d’un traitement et de modification ne doit être faite sur une seule mesure de la charge virale; une deuxième mesure doit être effectuée dans les deux semaines.
– sur le premier traitement : le rapport reconnaît qu’une trithérapie associant deux analogues nucléosidiques et un inhibiteur de la protéase est le premier traitement optimal. Mais il ne rejette pas l’éventualité d’une bithérapie, tout en restant vague sur ses conditions de prescription. La prescription d’une bithérapie doit être exceptionnelle; le patient doit être informé qu’il s’agit là d’une alternative au traitement optimal (trithérapie). Surtout, tout doit être fait pour que cette prescription ne soit pas motivée par des a priori du médecin sur le patient et sa possibilité supposée d’adhésion pleine et durable à une trithérapie.
– sur le mode d’élaboration des recommandations : le rapport fait état des incertitudes qui demeurent sur un certain nombre de points. Mais il n’envisage à aucun moment les modalités d’une réactualisation régulière de ses recommandations, contrairement à son homologue américain. Les évolutions très rapides, dans le domaine thérapeutique et dans celui du suivi des patients, exigent une nouvelle approche du système de recommandations. Bientôt, on pourra commencer un traitement en connaissant le profil des résistances, mettre à disposition des antivirogrammes, expliquer certains échecs thérapeutiques par le procédé du dosage sérique des médicaments. D’ici quelques mois, de nouvelles molécules seront disponibles ; elles modifieront les stratégies de traitements. Dans ces conditions, le ministère de la Santé doit procéder à une réorganisation urgente du fonctionnement du groupe d’experts. Ce groupe devrait avoir les moyens de faire des mises à jour de ses recommandations, afin qu’elles soient mieux adaptées aux nouvelles donnes dans le traitement du VIH.