Le 23 octobre à 9h, la Coordination nationale des sans-papiers, soutenue par Act Up-Paris et d’autres organisations engagées dans le combat des sans-papiers, ont investi les locaux de la préfecture de Melun, pendant qu’ un goupe effectuait un picketing devant la préfecture aux cris de «Melun, camp de rétention» et «le Préfet de Melun a du sang sur les mains», une quinzaine de sans-papiers et de militants d’Act Up-Paris entraient dans les locaux. Ils ont manifesté devant le bureau du préfet pour obtenir une audience. Ceci dans le but d’exiger du préfet qu’il vienne visiter les caves du commissariat de Melun qui servent illégalement de centre de rétention.
En effet, à l’occasion, l’Etat français y enferme discrètement des sans-papiers en cours d’expulsion, dans l’attente de leur passage devant un juge. Le tribunal administratif vient de reconnaître l’existence de ce centre, et admet que les conditions d’hygiène et de sécurité y sont déplorables. Il a pourtant refusé de nommer un expert, au motif que «les locaux du commissariat (…) ne sont pas susceptibles de modifications immédiates». Depuis, les trois sans-papiers qui avaient fait cette demande ont probablement été reconduits à la frontière. Le préfet a refusé de recevoir les militants qui ont été retenus par les forces de l’ordre au commissariat principal de Melun.
Dans la seule préfecture de Seine-et-Marne, on compte plusieurs centres de rétention : à Melun, à Chessy, où les conditions d’hygiène sont déplorables. La répression de l’immigration n’est donc pas le monopole des grandes métropoles ou des régions frontalières : à côté des grands camps officiels (Vincennes, le Mesnil-Amelot, le «dépôt» de Paris, etc.), l’Etat s’est doté de petites oubliettes clandestines, disséminées sur tout le territoire. La fermeture des frontières, aujourd’hui, «ça arrive aussi près de chez vous». Le commissariat de Melun, c’est la réalité ordinaire de la «maîtrise des flux migratoires» que le nouveau gouvernement a repris à son compte.
Tant qu’on s’épuisera à « lutter contre l’immigration clandestine », il faudra des lois d’exception, des pouvoirs administratifs exorbitants, des rétentions arbitraires et indignes. Il faudra aussi des citoyens complaisants. Lionel Jospin refuse d’abroger les lois Pasqua-Debré, Jean-Pierre Chevènement veut encore allonger la durée de rétention, 120 000 sans-papiers attendent leur régularisation : le gouvernement espère ses engagements seront oubliés et compte sur l’indifférence de l’opinion.
Nous exigeons la fermeture du centre de rétention de Melun.
Le 25 octobre à Paris aura lieu une manifestation pour l’abolition de la retention, l’abrogation des lois répressives et la régularisation de tous les sans-papiers. Rendez-vous à 15h00, place Edmond Rostand (métro Luxembourg, face au Sénat).