Retour de Chicago
La conférence de Chicago, qui s’est tenue du 1er au 5 février, n’a pas été celle des grands effets d’annonce. En cela, on pourrait se dire déçu et pourtant, c’était somme toute assez prévisible. Si les connaissances sur le VIH sont de plus en plus grandes, la recherche piétine aussi face à un virus et une épidémie plus complexes que prévu. L’exemple le plus parlant des limites de la recherche reste le vaccin, toujours promis et toujours repoussé. A la conférence un chercheur a affirmé sans rire que nous aurions peut être un bon candidat vaccin, dans dix ans. Cette conférence fut donc plutôt l’occasion de confirmer ou d’affiner ce que l’on savait déjà, tout en constatant un peu amèrement que de nombreuses zones d’ombre subsistent. Ainsi, des progrès dans la compréhension de la pathogénèse du VIH ont été faits pourtant on ne sait toujours pas avec précision quel est le meilleur moment pour traiter. De nombreux exposés ont porté sur l’importance du suivi lié à la charge virale. En revanche des questions demeurent sur la place à accorder aux tests de résistances. Des dizaines de posters ont confirmé les bons résultats des combinaisons avec antiprotéase, mais certains ont souligné leurs effets à long terme, notamment sur le métabolisme. Et pour tous ceux qui échappent aux traitements disponibles, le besoin de nouvelles molécules est urgent. Pourtant aucune de celles qui ont été présentées ne sera disponible avant plusieurs mois. Bien sûr de nouvelles pistes et de nouvelles cibles sont développées, comme par exemple l’immunothérapie. Mais sa place reste encore à définir dans le traitement. Enfin, plus les connaissances s’affinent, plus le traitement et son suivi deviennent coûteux et donc hors de portée des 90% des séropositifs vivant dans les pays du Sud. A cet égard, le fait qu’ONUSIDA n’ait pas été représenté lors de la pleinière, alors que c’était le cas à Washington l’an dernier, est un signe. Aux malades du Nord, un espoir mesuré, aux malades du Sud, l’attente et la mort. Dernière minute : un essai dont le promoteur est le laboratoire Bristol Myers Squibb vient d’être lancé. Il vise à comparer l’efficacité de la ddI prise en une fois ou en deux fois par jour. Contrairement à ce qui se fait habituellement, les associations n’ont pas pu discuter du protocole de cet essai, qui en l’état ne nous satisfait pas. Nous vous déconseillons donc d’y participer.