Tandis que les sans papiers s’apprêtent à commémorer le deuxième anniversaire de l’occupation de Saint Ambroise, M. Chevènement rend hommage aux méthodes répressives de son prédécesseur.
Aujourd’hui, comme l’explique le Monde dans son édition datée du 18 mars, le gouvernement a décidé de s’accommoder de l’existence d’un nombre indéterminé d’étrangers en situation irrégulière sur le sol français. Plus de 75000 sans papiers vont se voir invité à quitter le territoire, comme seule réponse à leur demande de régularisation. Un grand nombre (50000?, 150 000?) n’ont même pas déposé de dossier, tant la circulaire du 24 juin leur apparaissait restrictive. Il est bien sûr peu réaliste d’imaginer qu’on saura, humainement et dans le respect des principes de la République, déporter une telle population.
Alors, pour faire croire que le problème est réglé, le gouvernement Jospin, qui se souvient qu’il était arrivé au pouvoir à la faveur du mouvement des sans papiers et de la mobilisation contre les lois Debré choisit la répression, espérant, en les terrorisant, faire disparaître ceux qui osent protester.
Lundi matin, les forces de l’ordre ont délogé les membres du collectif du 13e arrondissement qui avaient investi l’église Jeanne d’Arc. Elles ont ensuite brutalement réprimé le mouvement spontané de solidarité qui s’était rassemblé devant la préfecture pour demander la libération des personnes arrêtées, ce qui ne s’était pas vu depuis des années. Ce matin, à la suite de ces arrestations, 12 sans-papiers sont en rétention, 3 sont passés en correctionnelle pour infraction à la loi sur les étrangers, 2 autres ont tout simplement disparu.
L’attitude du gouvernement est malheureusement d’une logique implacable : d’un côté, on refuse de revenir sur des lois qui produisent de la clandestinité, de l’autre, on lutte avec énergie contre ceux qui se battent contre les injustices, les drames humains, ou les conséquences sanitaires désastreuses de ces lois : aujourd’hui les sans papiers, demain, également, les individus ou les associations qui les soutiennent et qui n’auront pas obtenu l’agrément du Ministre de l’Intérieur, comme le laisse craindre le nouvel article 10 bis de la loi Chevènement. Avec un avantage : cette répression-là, un gouvernement de droite n’aurait même pas osé l’envisager.