Conference de presse déplacée : Collectif pour l’abrogation de la loi du 31 decembre 1970, à l’occasion du procès de Jean-Pierre Galland du C.I.R.C, le mercredi 25 mars 1998 dà l’entrée publique du du palais de justice, Bd du palais M° Cité, à 12 heures 30.
La loi 70 est une loi d’exception. La loi 70 est hypocrite et criminogène. En 28 ans, elle a largement fait preuve de son inefficacité. Elle marginalise et clandestinise les usagers, elle est responsable de catastrophes sanitaires, en terme de contaminations VIH et hépatites, overdoses.
Le L630, entre autres articles, réduit les usagers au silence, en les contenant dans un rôle de malades / irresponsables et/ou de délinquants. La liberté de parole et d’opinion est une des étapes nécessaires pour que les usagers remettent main sur leur avenir et redeviennent des citoyens à part entière. A l’heure actuelle, les autorités ont beau jeu d’utiliser la caricature du toxicomane : ils utilisent le L630 comme une arme dès que le discours répressif officiel est contredit. L’article L630 en nous empêchant de parler, notamment des plaisirs des drogues, maintient les mensonges, et évite de remettre en cause l’efficacité de la loi du 31 décembre 1970.
Il est impossible qu’une réelle information et une véritable éducation puissent être réellement mises en place sous le L630. Aujourd’hui seules la gendarmerie et la police sont considérées comme « apte à s’en occuper ». En matière de prévention, nous dénonçons la schizophrénie de l’Etat qui, d’une part, finance les initiatives associatives en matière de réduction des risques (petit manuel du shoot à risques réduits d’ASUD, et autres supports de prévention vers les usagers), et qui, d’autre part, poursuit ces mêmes associations ou particuliers pour d’autres initiatives publiques tout aussi indispensables (manifestations publiques).
Il est urgent que les spécialistes et les laboratoires puissent faire des études, des analyses et des essais à grande échelle sur les interactions entre les drogues illicites, les produits de substitution et les médicaments et, que les résultats soient publiés.
Prohibition et santé publique sont incompatibles. Ce sont maintenant aux défenseurs de la loi de 1970 de justifier pourquoi ils défendent une politique aussi destructrice. Ce n’est pas à nous de rendre des comptes. L’article L.630 instaure le délit d’opinion. A une époque où ont lieu de nombreux procès, de nombreuses associations sont poursuivies au titre du L630. La nécessité de faire front commun face à la prohibition et à leurs tenants, s’est imposé. C’est pourquoi Act Up-Paris fait partie du groupe d’associations à l’initiative du Collectif Pour l’Abrogation de la loi du 31 décembre 70.
Un véritable débat public ne peut avoir lieu sans l’abrogation de l’article L630. Act Up-Paris appelle à la désobéissance civile: Pour la liberté d’en parler, pour le droit d’en user, ne respectons plus l’article L630.
Parce qu’il est inacceptable qu’un usager de drogues illicites puisse être poursuivi, traduit en justice et se retrouve en prison.
Parce que la prohibition ne protège ni la société ni les usagers, mais encourage la corruption, l’enrichissement des mafias et la circulation clandestine de produits chers et frelatés.
Parce que l’accès aux soins est un impératif de santé publique qui doit enfin devenir une réalité concrète.
Parce que le personnel sanitaire et social doit disposer de tous les moyens nécessaires et de la liberté de prescription.
Parce qu’un millier de personnes, marginalisées par la prohibition, meurent chaque année en France, du SIDA, des hépatites, des interactions médicamenteuses…
Parce qu’aucun bilan objectif des effets de la loi du 31 décembre 1970 et des politiques menées en matière de toxicomanie n’a été dressé à ce jour.
Parce qu’il est urgent de rétablir les usagers de drogues dans leur pleine et entière citoyenneté.
Parce que nous voulons qu’une information, une éducation et une prévention objectives puissent être dispensées sur les usages et les qualités de toutes les drogues.
Parce qu’au mépris de la liberté d’expression, des droits de l’homme et de la démocratie, des militants, des journaux, des éditeurs, des usagers… sont poursuivis et condamnés pour avoir contredit le discours officiel.
Nous voulons dans un premier temps :
– l’abrogation de l’article L. 630 du code de la santé publique ;
– l’ouverture au Parlement et dans le pays d’un débat public ouvert à tous les citoyens sur l’accès légal aux produits actuellement classés au tableau des stupéfiants suivant des modalités différenciées.
RASSEMBLEMENT au nom du COLLECTIF pour l’ABROGATION de la LOI du 31 DECEMBRE 1970, à 18H00 le Jeudi 26 mars 1998 devant les marches du Palais de Justice (Bd du Palais M° CITE).