Le jour de la Gay Pride, Matignon bloque une campagne de prévention ciblée.
Ce matin, vous ne verrez pas dans Libération la campagne de prévention sida initialement prévue par la DGS (Direction générale de la santé) et le CFES (Comité français d’éducation à la santé). Vous ne la verrez pas parce que Lionel Jospin l’a censurée.
Il s’agissait d’une affiche montrant deux hommes s’embrassant, avec pour slogan « il n’y a pas que le sexe dans la vie ».
Elle nous avait été présentée par la DGS le 20 mai . Elle devait paraître aujourd’hui dans les pages Gay Pride de Libération. Le SIG (Service d’Information du Gouvernement, une administration rattachée à Matignon qui avalise les campagnes de communication des différents ministères) a opposé son veto à cette campagne en dernière minute, dix jours avant sa publication. Une réaction d’homophobie instinctive reprise à son compte par le cabinet du Premier ministre, dont l’arbitrage a été sollicité : « l’Etat n’a pas à faire la promotion de l’homosexualité ». Le secrétariat d’Etat à la santé, pourtant signataire de cette campagne, ne veut pas affronter Matignon. La santé publique recule devant l’ordre moral.
Nous savons désormais ce que Lionel Jospin veut dire lorsqu’il évoque « un certain ordre qu’il ne faut pas transgresser ». Il s’agit d’un puritanisme d’Etat identique à celui qui a retardé jusqu’en 1987 les premières campagnes de prévention, la publicité pour les préservatifs ou la vente libre de seringues propres, et décimé les minorités. Aujourd’hui, comme ses prédecesseurs, Lionel Jospin refuse de mener la prévention ciblée en direction des différentes populations et des différentes pratiques qui, seule, permettrait de descendre sous le seuil des 6000 contaminations par an.
Aujourd’hui, les masques sont tombés. Si un gouvernement de gauche a peur de montrer des pédés qui s’embrassent un jour de Gay Pride, on peut se demander ce que pèsera son engagement à donner des droits à nos couples lorsque les rues seront vides.
Act Up-Paris dénonce une censure homophobe. Nous exigeons de Lionel Jospin des explications et des excuses publiques. Nous réclamons des campagnes de prévention explicites et ciblées. Nous réclamons une pleine reconnaissance de nos couples. Nous voulons l’égalité des droits.