Dimanche 28 juin 1998, après un rassemblement devant le bâtiment des Nations Unies pour réclamer l’accès aux soins et aux traitements du sida dans les pays en développement, 40 activistes ont interrompu la cérémonie d’ouverture de la Conférence Mondiale sur le sida afin que les personnes atteintes de ces pays puissent enfin parler en leur propre nom.
Désiré N’Dah, Président du Club des Amis, association de lutte contre le sida à Abidjan, a pris la parole et a dénoncé l’absence de volonté politique, d’engagements matériels et financiers concrets. Six mois après, l’annonce faite pendant le conférence d’Abidjan de plusieurs initiatives d’accès aux soins et aux traitements est restée lettre morte. Il a par ailleurs exigé que cette conférence soit l’occasion d’une coordination des efforts politiques et financiers, et non la mise en scène d’une solidarité factice.
Dans la foulée, Joshua, membre de l’association de Migrants contre le sida, a dénoncé l’expulsion de Monsieur M. Congolais, séropositif, séjournant en Suisse et frappé d’une double peine. C’est à ce moment là que les militants d’Act Up-Paris ont interpellé Madame Dreyfuss, Ministre de l’Intérieur, des Affaires Sociales et de la Santé suisse aux cris de « Shame! Shame! » (« Honte! Honte! »)
Texte du tract distribué pendant la prise de parole de Désiré N’Dah :
Plus de 90% des personnes atteintes par le sida vivent dans les pays en développement, sans traitement : il y a six mois lors de la conférence d’Abidjan personne ne pouvait plus démentir ces chiffres.
Des engagements ont certes été pris et des initiatives lancées pour permettre l’accès aux soins et aux traitements dans les pays du Sud : l’ONUSIDA et ses programmes pilotes d’introduction des traitements, la France et le Fonds de Solidarité Thérapeutique International . Mais sans engagement politique réel, sans moyens financiers conséquents, ces initiatives restent de belles intentions humanitaires. Aujourd’hui, les discours de Peter Piot, cent fois entendus, servent d’alibi au désengagement de la communauté internationale. Après 15 ans de politique de prévention sans accès aux soins et aux traitements, la Banque Mondiale et l’Union Européenne, ses Etats membres, les Etats du G8, en particulier les Etats Unis doivent maintenant payer pour l’attentisme, les morts causées par des politiques inadaptées à la réalité. Le plus cynique d’entre eux, la Banque mondiale, après avoir mis les systèmes de santé à genoux et favorisé la propagation de l’épidémie doit rendre des comptes.
Nous exigeons des Etats qu’ils manifestent une volonté politique claire et des bailleurs internationaux qu’ils engagent les moyens nécessaires. Cette conférence doit être l’occasion d’une coordination des efforts financiers, pas la mise en scène d’une solidarité factice.