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Depuis quelques mois, le silence est retombé sur les problèmes rencontrés par les personnes atteintes du sida. Silence, d’abord, sur les nouveaux visages de l’épidémie : sur le nombre de malades en situation d’impasse thérapeutique, sur les effets secondaires parfois dramatiques des traitements, sur la co-infection par les virus du sida et de l’hépatite C, qui devrait pourtant provoquer une nouvelle mobilisation générale. Retour au silence.

Silence, ensuite, sur la démission des pouvoirs publics : sur l’absence presque totale de campagnes de prévention, sur la liquidation discrète des institutions chargées de la lutte contre le sida, sur les délais inscrits dans le projet du PaCS, incompatibles avec la situation d’urgence où se trouvent des malades homosexuels. Silence, toujours, sur les inégalités que le sida révèle ou conforte : sur la difficulté croissante à obtenir ou à renouveler une Allocation Adulte Handicapé ; sur la difficulté d’accéder à des soins décents quand on est prisonnier, usager de drogues, prostitué, précaire ; sur le montant ridicule des minima sociaux concédés aux personnes qui ne peuvent travailler, réduisant des malades à des conditions de vie indécentes. Silence, encore, sur l’avarice des Etats du Nord face aux personnes atteintes dans les pays du Sud. Tout se passe comme si l’arrivée des multithérapies avait autorisé les pouvoirs publics et les médias à se complaire dans un mutisme satisfait. Pourtant, 6000 personnes sont encore contaminées en France chaque année. Aujourd’hui, l’épidémie s’étend dans les populations les plus défavorisées : celles qui n’ont jamais la parole. Nous avons contribué à briser le silence qui régnait dans les premières années de l’épidémie. Aujourd’hui, nous ne pouvons nous résoudre au retour au silence auquel nous assistons. Reprendre la parole : c’est le sens des rencontres nationales des acteurs de la lutte contre le sida, les 12 et 13 décembre prochains. Il faudra que vous y fassiez entendre votre voix, si la manifestation du 1er décembre ne l’a pas cassée. Nous devrons être nombreux, ce jour-là, à rappeler que le premier slogan d’Act Up n’a rien perdu de son actualité : Silence = Mort.

 

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