MM. Kouchner (secrétaire d’Etat à la santé) et Durleman (Directeur général de l’AP-HP) ont été interpellé lors du colloque « Santé, précarité, vulnérabilité en Europe » (Maison de la chimie), devant 500 personnes, par des militants de 13 actif, d’Act Up-Paris, d’AC!, de la CGT Pitié-Salpétrière, et de Migrants contre le sida.
Texte de l’intervention ci-joint.
Santé et précarité, participer ou lutter ?
Nous intervenons ici parce que le lien santé/précarité est évident et que nous sommes interpellés. Ce thème dont vous débattez une fois par an est notre combat quotidien. Tous les jours, des gens meurent de froid, de faim, d’un accès impossible aux minima vitaux, dans un monde regorgeant pourtant de richesses.
A ce titre, l’ouverture de ce colloque par Bernard Kouchner est une formidable hypocrisie: il est membre d’un gouvernement qui organise et développe la précarité.
C’est bien ce gouvernement qui refuse l’augmentation des minima sociaux aux chômeurs et précaires, qui subventionne l’emploi précaire, qui rend 80 000 sans papiers à la clandestinité, qui pourchasse les usagers de drogues, qui maintient ceux qu’il a choisi d’emprisonner dans un dénuement sanitaire grandissant.
C’est bien ce gouvernement qui intègre le système de soin dans un vaste marché de la santé, qui » apparente l’exigence du patient à celle du consommateur de soin » (B. Kouchner, 22/09/98, intervention à la commission des comptes de la sécurité sociale), qui diminue le nombre de lits hospitaliers, qui transforme les médecins en gestionnaires du système, qui liquide discrètement les agences de lutte contre le sida (mission sida de la DGS, ANRS), qui privatise une partie de la couverture sociale, démantelant ainsi le système de protection sociale basé sur la solidarité (objectif de la sécurité sociale à son origine).
C’est ce gouvernement qui préfère des dispositifs de charité (centres de précarité, SAMU social, aide médicale…) à un véritable accès aux soins pour tous: salariés ou précaires, français ou étrangers, avec ou sans papiers.
C’est ce gouvernement qui s’apprête à mettre en place une couverture maladie universelle dont on pressent qu’elle sera un RMI du soin.
Il est inutile de se lamenter du lien entre santé et précarité sans identifier et dénoncer les causes de la précarité : des situations d’exploitation, de discrimination, de répression produites par les politiques gouvernementales.
C’est pour cette raison que nous disqualifions M. Kouchner, responsable de la politique actuelle, et M. Durleman, chargé de la faire fonctionner à l’AP-HP afin de servir de modèle et de l’étendre à l’ensemble du système hospitalier français.
Ne soyez pas l’alibi de ce gouvernement : il produit les causes de la précarité et ne fait qu’en gérer les symptômes. Pour notre part, à la logique caritative, nous préférons la lutte politique.
Rendez-vous :
– aujourd’hui à 14 h, sur les marches de l’opéra bastille, pour une manif-action d’AC!
– aujourd’hui à 18 h, Gare de l’Est, pour la manifestation d’Act Up-Paris
– tous les jours au service Marguerite Bottard de l’hôpital Salpétrière, pour soutenir les salariés en lutte pour un service public de qualité.
A l’initiative de : 13 actif, Act Up-Paris, AC!, CGT Pitié-Salpétrière, Migrants contre le Sida