Aujourd’hui, 17 février 1999 à 10 heures, une vingtaine de militants d’Act Up-Paris ont occupé les locaux de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS), 27, rue d’Astorg, dans le 8ème.
Ils ont commencé par occuper le hall d’entrée et crié : » IGAS voleuse, IGAS affameuse » et » AAH fiscalisée, sidéens précarisés « . Ils entendent ainsi dénoncer un rapport co-écrit par l’IGAS portant sur l’Allocation Adulte Handicapée (AAH). Malgré la demande d’un entretien à Michel Laroque, Michel Gagneux, Sylvain Picard (les rédacteurs du rapport) les militants ont trouvé porte close.
Dans un contexte de démantèlement de la politique sociale de l’État, où la gauche officielle s’effraie de la » société d’assistanat « , le rapport de l’IGAS et de l’Inspection Générale des Finances sur l’Allocation Adulte Handicapé prend toute son ampleur. Ce texte, qui entend décrire le mode d’attribution de l’AAH, propose des mesures d’ajustement et de réforme, toutes plus scandaleuses les unes que les autres, pour peu qu’on adopte le point de vue des malades et des handicapés, et non celui, gestionnaire, comptable, d’un gouvernement qui entend faire des économies en précarisant les plus vulnérables.
Le rapport propose ainsi de faire glisser le système de l’AAH dans le régime de l’Assurance Maladie, ce qui aurait pour effet de rendre l’allocation fiscalisable, et de faire disparaître tous les autres avantages liés au statut de handicapé (carte d’invalidité à 80 % qui permet des abaissements fiscaux, Allocation Compensatrice Tierce Personne).
Le rapport s’en prend notamment aux séropositifs et aux malades du sida, seule pathologie clairement nommée dans le rapport. Estimant que les multithérapies ont rendu la maladie bénigne, les auteurs incitent chaque patient à retourner au travail. C’est négliger les effets secondaires des traitements, parfois plus handicapants que des affections opportunistes, les troubles psychologiques ou du comportement qu’implique une telle maladie, et auxquels les inspecteurs de l’IGAS et de l’IGF ne voient qu’une seule solution : la réinsertion par le travail. Mais comment bien se soigner, comment observer des traitements incroyablement contraignants, lorsqu’on est astreint à des horaires fixes de travail? Croit-on qu’il est facile d’assumer diarrhées, lipodystrophies ou troubles soudains du comportement devant ses collègues ou ses employeurs? Les auteurs du rapport ne se posent pas ce genre de question : la dimension humaine, le point de vue des malades ne font pas partie de leur lettre de mission.
Act Up-Paris dénonce ce rapport qui cherche à imposer une logique comptable de restriction budgétaire dans le système d’attribution des prestations sociales, au détriment des bénéficiaires, les plus démunis, les plus vulnérables.
Act Up-Paris exige :
– la mise au placard immédiate de ce texte scandaleux.
– la fin de la logique du retour forcé au travail.
– la revalorisation immédiate de tous les minima sociaux.