A la suite de l’information parue dans l’Express du 19 février 1999, l’association activiste de lutte contre le sida Act Up-Paris confirme son intention de rendre publique l’homosexualité d’un député.
Depuis plusieurs jours, de nombreux journalistes ont sollicité Act Up-Paris pour connaître l’identité de cette personnalité politique. Du point de vue de l’association, cette question est évidemment secondaire en comparaison des motifs qui l’ont conduite, pour la première fois, à engager une action de outing. Act Up-Paris a d’ailleurs invité, par courrier, le député gay en question à faire lui-même son coming out. Dans la lettre qu’elle lui a adressée le 10 février, l’association Act Up-Paris explicitait les raisons politiques de cette exigence dans les termes suivants :
« Monsieur le député,
Vous étiez présent à la manifestation anti-PACS du dimanche 31 janvier dernier.
Non seulement cette manifestation visait à empêcher que les couples gays et lesbiens bénéficient de droits, mais elle a été aussi et surtout le théâtre d’une haine anti-homosexuelle d’une rare violence. Des autocollants insultants ont été massivement distribués; des pancartes s’en prenant aux « tantouzes » ont été brandies. À la suit du déploiement d’une banderole par Act Up-Paris, on a pu notamment entendre : « Pédés au bûcher », « Sales pédés, brûlez en enfer », « Vous êtes des animaux », « Anormaux », « Arrêtez de nous faire chier avec votre sida ». Par ailleurs, les militants d’Act Up-Paris ont été agressés physiquement.
Depuis, vous n’avez pas jugé utile de condamner ces agissements. Plus encore votre silence, et notamment sur votre propre sexualité, les légitime. Vous ne pouvez plus vous retrancher derrière l’alibi de la distinction public/privé : aujourd’hui, c’est bien cette contradiction entre votre vie privée et vos positions politiques qui vous interdit de répondre à des insultes qui vous sont aussi adressées.
En conséquence, nous vous demandons d’annoncer publiquement votre homosexualité et de condamner la violence homophobe. Continuer à vous taire accréditerait l’idée selon laquelle l’homosexualité est un motif de honte.
Quant à nous, nous saurons prendre vos responsabilités à votre place dans le cas où vous continueriez à faire le jeu de nos agresseurs. »
Les médias seront tenus informés des modalités du outing le jour même de l’action.