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Voilà des mois maintenant que nous dénonçons la remise en cause de plus en plus systématique des droits des malades du sida que nous sommes. Sans conteste, gouvernement et administrations diverses s’accordent à faire passer leur message unique selon lequel la valeur de nos droits s’établirait au nombre de nos morts actuels. Et hélas, il faut bien admettre que l’opportunisme politique avec lequel la maladie est aujourd’hui ainsi appréhendée déteint doucement sur d’autres acteurs de la prise en charge du sida. En effet nous rencontrons désormais des médecins qui refusent de cautionner des demandes d’A.A.H. sous prétexte que cette allocation ne répondrait plus à nos vrais besoins, qu’elle nous enfermerait dans une nouvelle exclusion, voire même qu’elle nous permettrait de profiter du système en travaillant au noir tout en jouissant des deniers de l’Etat. Certains d’entre nous reçoivent des leçons de morale de la part de certain(e)s assistant(e)s sociaux CRAMIF parce qu’ils bénéficient du cumul des I.J. et de l’A.A.H., s’entendent dire qu’ils se situent «à la limite de la légalité» alors qu’ils font simplement valoir leur droits. Et combien d’entre nous se voient désormais fréquemment expliquer qu’il est temps de reprendre le boulot, qu’aller mieux c’est aller bien, comme si le sida n’avait finalement été qu’un mauvais cauchemar et que le retour à la vie c’était le retour à avant la maladie.
Faut-il donc encore systématiquement répéter que du sida, on en meurt encore, que les traitements ne sont rien face à la précarité dans laquelle on veut nous jeter, et enfin qu’un séropositif en trithérapie n’est pas un séronégatif.
C’est la raison pour laquelle il est fondamental que non seulement les droits que nous avons gagnés soient maintenus et appliqués, mais également que tout un ensemble de droits nouveaux nous soient accordés, correspondant réellement à notre situation actuelle.
Nous ne pouvons pas accepter ces exploitations fallacieuses des progrès scientifiques par les institutions dans l’unique but de faire des économies sur notre dos.
Nous, malades du sida, devons partout où l’on nous restreint nos droits, les défendre avec les moyens que plus de 10 ans de lutte nous ont donné. Il est possible à chacun d’entre nous, dans chacune de nos démarches, de rappeler la gravité de notre situation, et d’exiger, preuve en main, l’obtention de ce que la loi nous accorde. Ni les bilans comptables, ni les discours pseudo-moraux d’agents de l’Etat ignorants de notre vie, ni les tentatives mesquines d’oppositions entre malades et précaires (comme s’il ne s’agissait pas aussi souvent des mêmes), ni la soi-disant bienveillance de ceux qui disent nous vouloir du bien en nous expliquant comment revivre, ne doivent nous décourager. Au contraire, c’est à nous, chaque jour, de revendiquer non seulement le libre choix de notre mode de vie, mais également la bonne marche des structures légales qui nous sont destinées. C’est pourquoi ce numéro présente l’essentiel des outils à notre disposition pour faire valoir nos droits.
Parce que le sida, ça ne s’ignore pas et que l’épidémie n’appartient pas au passé, Act Up-Paris, plus que jamais, continue et continuera à rappeler que notre combat passe aussi par celui de nos droits.