Eté 1997, Act Up-Paris entame et gagne un redoutable bras de fer contre les pouvoirs publics, pour l’application immédiate de la note 666 du 28 octobre 1996, à savoir la mise à disposition des traitements post-exposition pour tous et pas seulement pour les accidents professionnels du corps médical. Désormais, un traitement TPE peut être prescrit à une personne qui a pu être contaminée, suite, par exemple, à un rapport sexuel non protégé, à une rupture de capote ou un échange de seringue infectée. Le début du traitement doit avoir lieu sous 48 heures après la prise de risque, la thérapie dure 30 jours. Aucune évaluation nationale n’a encore été faite mais il semblerait que le dispositif soit efficace et permette d’éviter une infection. Le système est pourtant loin d’être parfait.
Accès aux soins des mineurs
Un médecin ne peut prescrire de traitements à un mineur sans autorisation parentale. La confidentialité et le secret médical s’effacent devant le Code civil et la suprématie de l’autorité parentale. Act Up a reçu le témoignage de mineurEs qui n’ont pu recevoir de TPE malgré leur situation d’urgence.
Dans le cas des MST, de l’infection à VIH ou de l’Interruption Volontaire de Grossesse, il est aberrant que l’âge du consentement sexuel, 15 ans, ne soit pas étendu et qu’unE jeune qui n’a théoriquement pas à rendre de comptes sur ses pratiques sexuelles, soit obligéE de le faire dès lors que sa santé est en jeu. Un abaissement de la majorité face aux soins garantirait à ces jeunes l’accès aux traitements et signifierait, entre autres, le strict respect du secret médical (famille comprise) et l’établissement d’une carte de sécurité sociale individuelle.
Lors de la journée scientifique DuPont Pharma du 20 mars 1999, la Dr Crémieux (Hôpital Bichat) faisait le point sur ces TPE. Interpellée par Act Up sur ce problème, elle prétend tout d’abord que la circulaire 97/560 de la DGS y a répondu, puis finit par avouer à demi-mot qu’un médecin doit passer outre la législation pour livrer le TPE au mineur. Combien de temps durera cet arrangement officieux avant que des parents découvrent les molécules de leur progéniture, et viennent à porter plainte contre le médecin ? En outre, quelle peut être la compliance chez unE mineurE en TPE dans ces conditions de vulnérabilité et de suspicion ?
Campagnes
La visibilité et la promotion des TPE n’ont pas été suffisamment assurées : depuis 1997, une seule campagne d’information, beaucoup trop discrète, a été faite. Lorsqu’on interroge les responsables de la prévention à l’échelon local ou national sur ces carences on nous objecte systématiquement la peur de faire passer les traitements post-exposition pour une « pilule du lendemain » et laisser croire que les impératifs de prévention sont caducs. Cette crainte perdrait, pourtant, tout fondement si parallèlement à une communication sur les TPE était menée une véritable campagne sur la réalité médicale de la maladie.
Les campagnes d’information sur le thème « Vivre avec le VIH » se sont toujours déclinées autour de l’appel à la solidarité et de la non-discrimination, du catastrophique slogan « si je suis séropo, tu danses avec moi ? » aux spots télé de 1997 « sida, la science avance. Et la solidarité ? ». Mais la lourdeur des traitements, leurs effets secondaires, les difficultés d’observance, les échappements de plus en plus nombreux, bref, la réalité de la maladie sida et de ses traitements ont été systématiquement passés sous silence. Une véritable campagne d’information sur ces sujets est nécessaire pour faire comprendre la place des traitements TPE dans le dispositif de prévention : un instrument de dernier recours, en cas d’accident et de prise de risque, qui permet d’éviter une contamination ; mais une thérapie contraignante, lourde, qui ne doit modifier en rien les pratiques de prévention.