Act Up-Paris exige le respect du principe de continuité des soins de l’extérieur à l’intérieur de la prison. Act Up-Paris aidera les détenus à saisir l’IGAS des entraves mises à leurs traitements.
– Le 11 mai 1999, deux enquêtes sur la substitution en prison étaient présentées au Ministère de la Santé, portant sur 160 des 168 unités médicales françaises implantées en milieu carcéral.
– Les usagers de drogues incarcérés sont entièrement soumis à l’arbitraire des réglementations locales.
– Le ministère de la Santé l’avoue et le déplore. Mais il ne fait rien.
– Act Up-Paris exige le respect du principe de continuité des soins de l’extérieur à l’intérieur de la prison. Act Up-Paris aidera les détenus à saisir l’IGAS des entraves mises à leurs traitements.
La loi de 1994 est claire : les détenus doivent bénéficier d’ « une qualité et une continuité de soins équivalentes à celles offertes à l’ensemble de la population »
Les circulaires ministérielles sont claires : en cas d’incarcération, les usagers de drogues sous traitement de substitution doivent pouvoir bénéficier de la poursuite de leur traitement (circulaire du 11 janvier 1995) ; les médecins psychiatres en milieu pénitentiaire doivent être associés au suivi de la politique de substitution (circulaire du 31 mars 1995) ; les équipes des Unités de Consultation et de Soins Ambulatoires (UCSA) et des Secteurs de Psychiatrie en Milieu Pénitentiaire (SMPR) doivent coordonner leur action pour répondre aux besoins des personnes incarcérées (circulaire du 3 avril 1996) ; les traitements de substitution par la Méthadone ou le Subutex peuvent être poursuivis ou initiés en détention (circulaire du 5 décembre 1996).
Sur le terrain, l’incohérence est totale :
– 2% seulement des détenus toxicomanes sont sous traitement de substitution en moyenne, alors que 30% des prisonniers sont incarcérés pour infraction à la législation sur les stupéfiants.
– la seule prison de Fleury-Mérogis concentre 28% des usagers substitués.
– 44 prisons ne prescrivent aucune substitution.
– 22% des traitements Subutex et 13% des traitements Méthadone sont interrompus lors de l’entrée en prison
– à Fresnes, des critères non médicaux déterminent l’accès au traitement : les prévenus sont sevrés d’office ; les transitaires et condamnés à des peines courtes sont maintenus sous substitution lorsqu’ils étaient sous traitement avant leur incarcération ; les autres sont sevrés puis remis sous traitement quelques mois avant leur sortie.
On peut traduire sans peine : les usagers de drogues incarcérés sont pour la plupart sevrés d’office – qu’ils soient ou non sous traitement de substitution lors de leur entrée en prison. A la privation de liberté viennent s’ajouter crises de manque et effets dépressifs massifs des sevrages. Or, on le sait maintenant, les sevrages de Subutex ou de méthadone sont beaucoup plus violents et mal vécus que les sevrages d’héroïne. Ils ont des effets dépressifs graves. Encore une fois la prison met en danger la santé des détenus. Où est passé le » devoir d’ingérence humanitaire » de Bernard Kouchner ?
Les usagers de drogues n’ont rien à faire en prison
La prison est une réponse dangereuse à l’usage de drogues. Elle sanctionne des choix de consommations sans nocivité pour la société. Elle remet en cause les choix thérapeutiques faits par les usagers avant leur incarcération. Elle les expose à des contaminations. Elle met en danger les malades en les privant des conditions d’hygiène élémentaires.
Une fois de plus, la logique judiciaire prend le pas sur la logique de soin.
L’épidémie de sida a pourtant contribué à le montrer : seuls les processus thérapeutiques librement consentis et choisis sont susceptibles d’efficacité. La prison vient contredire jusqu’à la liberté de suivre des traitements institués à l’extérieur. Elle remet en cause les choix des individus, comme ceux de leurs médecins. Elle fait régner sa loi au mépris même de ses autorités de contrôle.
Act Up-Paris exige :
– la libération immédiate des détenus incarcérés pour usage de drogues
– la continuité des soins de l’extérieur à l’intérieur de la prison
– des traitements de substitution pour tous les usagers de drogues qui en font la demande
– la création d’un dispositif de surveillance et de contrainte visant l’application de la loi de 1994.