L’émission Zone Interdite intitulée » La filière Equatorienne « diffusée sur M6 dans la semaine du 06 au 11 juin a, une fois de plus, été l’occasion de mises en scène sordides sur les transsexuel(le)s et les prostitué(e)s.
Ne relevant que du journalisme à sensation, cette émission a non seulement laissé des policiers développer un discours dangereux et criminalisant pour les transsexuel(le)s et l’ensemble des séropositif(ve)s, mais s’est également fait l’écho, sous prétexte d’apitoiement, de théories totalement discriminatoires envers les travesti(e)s et les transsexuel(le)s. Un policier : » Cette fille là, elle est séropositive … mais grave! …. D’ailleurs, ça fait 8 ans qu’elle est malade « . Le même : » On met des gants parce qu’on peut se faire mordre ….. quand on mène une opération où on a 80% de séropositifs, il faut prendre des précautions …. ce sont des actions à risques « . Le présentateur au responsable de l’ OCRTEH[[Office central pour la répression de la traite des êtres humains.]] : » Cette fille, d’après un de vos hommes, est atteinte du sida. On se demande pourquoi la police intervient si tard. Elle risque de contaminer beaucoup de clients « . Comme si il était normal que la police dévoile la séropositivité de quelqu’un, viole sa vie privée et le secret médical parce qu’elle est soupçonnée d’être proxénète. Comme si il était décent de laisser s’exprimer des messages totalement sous-informés sur le sida. Comme si il n’était pas gravissime de porter sur des transsexuel(le)s, des travesti(e)s, des prostitué(e)s, un regard totalement criminalisant, ne les présentant que comme des personnes potentiellement contaminantes, des dangers pour les clients. Comme si, enfin, il était acceptable de cautionner la criminalisation de la contamination par le sida. Les transsexuel(le)s et les travesti(e)s sont les cibles faciles du journalisme bas de gamme. Cette fois, non seulement cette émission n’aide en aucune façon à lutter contre la discrimination, mais elle en accentue les dangers, en répandant des propos criminels devant des millions de téléspectateurs. De plus, rien n’est jamais vraiment dit de la transsexualité. Pour le présentateur qui le rappelle à plusieurs reprises, on n’est transsexuel(le) que par misère sociale. Et c’est d’ailleurs pour éviter qu’un autre discours puisse être tenu qu’on interdit au PASTT, association spécialisée dans la prévention auprès des transsexuel(le)s et des travesti(e)s, de participer et donner son point de vue. Pour Act Up-Paris, ce reportage encourage une triple condamnation : des transsexuel(le)s, des prostitué(e)s, des séropositif(ve)s. Si M6 n’a rien d’autre à montrer des transsexuel(le)s et des travesti(e)s que ce type d’image méprisante, misérabiliste, moralisante et discriminatoire, si M6 ne s’intéresse aux transsexuel(le)s que pour faire du chiffre, elle ferait mieux de ne plus en parler. Act Up-Paris condamne vigoureusement cet encouragement à la discrimination des transsexuels, à la condamnation de la prostitution et à la criminalisation de la contamination par le virus du sida.Act Up-Paris exige que la chaîne M6 accorde un droit de réponse au PASTT et aux autres associations de transsexuels.