Campagne d’affichage lancé à l’occasion de la Gay Pride du 26 juin 1999.
Texte des affiches :Baiser sans capote ça vous fait jouir ?
À cette question, sans doute répondez-vous instinctivement : oui. Comment nier, en effet, le plaisir qu’il y a, entre autre, à éjaculer dans un cul sans capote ou à avaler du sperme ? Et comment n’auriez-vous pas envie de prendre ce type de risque alors que tout vous y invite ? Alors que les médias chantent inlassablement la fin de l’épidémie, que les pouvoirs publics ne produisent plus de campagne de prévention, que les trithérapies sont censées mettre les séropos hors de danger. Alors que des livres comme ceux de Guillaume Dustan ou d’Erik Rémés proposent une petite religion de la prise de risques. Pourtant, le sida continue en réalité de détruire des vies. Faut-il rappeler que le taux de contamination dans la communauté gay reste élevé, que les trithérapies produisent des effets secondaires insupportables et son inefficaces pour un part de plus en plus importante de séropositifs (5 à 10 % aujourd’hui). Faut-il rappeler, par exemple, qu’une sodomie non protégée, même sans éjaculation expose à une contamination ? Faut-il préciser que des virus d’emblée résistants aux traitements actuels peuvent être transmis ? Baiser sans capote, ça vous fait jouir ? Drôle de jouissance, en vérité, qui sous des airs de grand défi à la mort, dissimule mal un simple déni de la maladie. Pour notre part, nous n’arrivons pas à mettre de côté notre expérience du sida. Nous n’arrivons pas à jouir sans capote. Le risque de contaminer ou d’être contaminé continue de gâcher notre plaisir.