Act Up-Paris met en garde contre une affaire d’escroquerie au traitement-miracle : le colladeter – 40 injections de mimosa – est censé » guérir » le sida.
Ce charlatanisme prospère sur les limites des multithérapies : posologie contraignante, lourds effets secondaires, échappements thérapeutiques
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Au-delà d’une alerte ponctuelle, Act Up-Paris appelle une réponse politique de fond.
Sillonnant Paris – et peut-être d’autres villes – des individus peuvent proposer un traitement-miracle, le » colladeter « , censé guérir le sida et rendre séronégatives les personnes séropositives. Ces charlatans vendent un traitement de 40 injections intramusculaires de mimosa pudicaline, découvert et pratiqué par le » Dr Cruz » dans une clinique roumaine. Ce » traitement » est payant, mais des remises sont concédées si l’acheteur aide à l’enrôlement d’autres malades.
Ne cédez pas à cette escroquerie.
Profitant des incertitudes qui entourent les médecines alternatives, et des inconvénients des thérapies habituelles (posologie contraignantes, lourds effets secondaires, échappements possibles), ces individus font la promotion d’un traitement qui a fait la preuve de son inefficacité. En 1995 déjà, ils en vantaient les mérites, affirmant que le colladeter avait été » essayé » sur des malades roumains, et qu’il avait parfaitement marché. C’est faux. Les personnes qui se sont laissé séduire à l’époque peuvent en témoigner : le mimosa ne soigne pas, il appauvrit.
Il est de notre responsabilité de vous alerter. D’abord parce que l’intérêt des malades est en jeu. Ensuite parce que ces individus prétendent avoir la caution des associations de lutte contre le sida, dont la nôtre, ce qui est un mensonge. Enfin parce que la résurgence d’un charlatanisme que nous croyions disparu appelle, outre une mise en garde immédiate, une réaction cohérente.
La chronologie de cette affaire est en effet symptomatique : proposé une première fois en 1995, à un moment où très peu de malades avaient accès à des multithérapies, le colladeter revient une seconde fois, à un moment où leurs limites deviennent de plus en plus patentes.
Ce genre de charlatanisme se développe moins sur une fascination irrationnelle pour les médecines dites » parallèles » que sur les carences de la recherche pharmaceutique et des agences sanitaires. Tant qu’on ne cherchera pas à alléger les contraintes de l’observance, tant qu’on considérera comme » secondaires » les effets terriblement handicapants des traitements sur la morphologie et la psychologie des malades, tant qu’on considéra comme négligeable la proportion de personnes en échec thérapeutique total, les vendeurs de miracles prospéreront.
Il y a un écho troublant, à ce titre, entre l’affaire du colladeter, et la campagne que nous menons en ce moment même, avec les autres associations de lutte contre le sida, pour que la lourde Agence Française des Produits de Santé accélère la mise à disposition d’un certain nombre molécules qui constituent la dernière chance pour des malades en échappement.