Dominique Gillot vient d’être nommée Secrétaire d’Etat à la Santé et à l’Action sociale en remplacement de Bernard Kouchner, parti début juillet au Kosovo. Il aura donc fallu un mois à Lionel Jospin pour trouver un Secrétaire d’Etat.
Le Directeur Général de la Santé, quant à lui, a quitté ses fonctions au mois de mai, mais n’a toujours pas été remplacé – il avait pourtant annoncé sa démission en mars. De toute évidence, la Santé Publique ne semble pas constituer une priorité pour ce gouvernement.
La nomination de Dominique Gillot met fin à une vacance de poste inquiétante. Mais elle ne nous rassure pas pour autant. Encore une fois, c’est une Secrétaire d’Etat à la Santé, rattachée au Ministère de Martine Aubry, qui a été nommée. Encore une fois, la Santé est jugée indigne d’un ministère autonome, et devra rendre des comptes. On peut s’attendre à ce que dans les mois qui viennent les exigences de la santé publique soient, toujours et encore, contredits par les préoccupations financières et sécuritaires des autres ministères.
Nous en savons quelque chose. Pendant deux ans, nous avons eu affaire à un Secrétaire d’Etat à la Santé soi-disant proche de nos revendications, mais incapable de transformer ses promesses en actes, de traduire ses idées en réformes, et de s’imposer face aux ténors de son gouvernement.
A maintes reprises, les autres ministères ont en effet eu le dernier mot :
– depuis 2 ans, et malgré les promesses électorales de Lionel Jospin, la révision de la loi de 1970 sur la toxicomanie n’a jamais pu être envisagée car verrouillée par E. Guigou et J.P. Chevènement
– depuis 1998, les mêmes ministres rejetent une demande d’importation de cannabis thérapeutique, pourtant défendue par Bernard Kouchner et nécessaire à des malades.
– En juin 1998, Lionel Jospin, par le biais du Service d’Information du Gouvernement, censurait une campagne de prévention qui montrait l’image d’un couple homosexuel.
– Jean-Pierre Chevènement a toujours refusé (malgré l’avis du Secrétariat d’Etat à la Santé), de régulariser les sans-papiers atteints de pathologies graves, donc inexpulsables, en les maintenant dans des situations sociales absurdes et dangereuses pour leur vie.
– Elizabeth Guigou n’est jamais intervenue pour faire respecter la loi de 1994 sur l’égalité et la continuité des soins en prison ; elle refuse de réformer le système des grâces médicales, elle cautionne des conditions d’accès aux soins déplorables. La santé des personnes détenues n’est pas une priorité pour elle.
– Martine Aubry n’a jamais accepté d’augmenter de façon importante les budgets alloués aux COTOREP, budgets nécessaires à une amélioration de l’accueil, à un traitement efficace des dossiers, à une augmentation du nombre des médecins Cotorep.
– Hubert Vedrine et le cabinet de Jacques Chirac maintiennent des positions ambiguës sur le FSTI (Fonds de solidarité thérapeutique International), en totale contradiction avec les politiques décidées par le Ministère de la Santé.
Pendant deux ans, Bernard Kouchner aura servi de caution médiatique à un gouvernement trop rigide et » pragmatique » pour écouter les malades.
Dominique Gillot va prendre son poste. Nous n’attendons qu’une chose : qu’elle refuse ce rôle de fantoche, et contredise nos craintes.