Aujourd’hui 15 h, une vingtaine de militants d’Act Up-Paris occupent les locaux du laboratoire Pharmacia & Upjohn, à Guyancourt : 8000 séropositifs, pour lesquels les traitements actuellement disponibles sont inefficaces, attendent en effet que trois laboratoires américains (Gilead, US Bioscience, Pharmacia & Upjohn) mettent à leur disposition leur nouveaux médicaments.
8% des séropositifs traités ne répondent plus à leur traitement, soit entre 6000 et 8000 personnes dont l’immunité s’est effondrée (moins de 200 CD4), dont la charge virale est incontrôlable (plus de 30.000 copies), et qui attendent de développer ou développent déjà des maladies opportunistes.
Un chiffre livré aux associations par plusieurs responsables de services des maladies infectieuses, confirmé finalement par la Direction des Hôpitaux. Un chiffre auquel, sous la pression des associations, l’Agence du Médicament et l’Agence Nationale de Recherche sur le Sida ont réagi en promettant pour septembre la mise en place d’un dispositif permettant un accès large pour ces malades à de nouvelles molécules : mise en place d’essais cliniques par l’ANRS évaluant ces nouvelles molécules sur des personnes en échec thérapeutique, et, simultanément, mise en place par l’Agence des Produits de Santé d’Autorisations Temporaires d’Utilisation pour ces médicaments. Reste à obtenir des laboratoires américains assez de produit pour alimenter ce dispositif d’urgence : les propositions de ceux-ci sont franchement décevantes ; difficile de croire qu’ils aient véritablement mesuré les conséquences du moindre retard.
Ainsi, Pharmacia & Upjohn accepterait de fournir des médicaments pour 20 malades seulement, dans le cadre d’un essai, en France. Or le Tipranavir, sa nouvelle antiprotéase, une molécule extrêmement puissante, répondrait assez bien au besoin de ces 8000 malades en échec thérapeutique : inhibiteur de la protéase non peptidique, sa structure souple lui permet d’accéder au site actif de la protéase malgré les réarrangements liés aux mutations du virus ; le tipranavir serait donc particulièrement efficace pour les personnes résistant aux antiprotéases. Réduire l’accès à ce médicament à seulement 30 personnes sur 8000 implique une procédure type « tirage au sort » qu’Act Up-Paris s’est toujours refusé à cautionner. D’autant plus que dans le cadre de sa demande de mise sur le marché aux Etats Unis et du contrôle de sécurité qui l’accompagne, Pharmacia & Upjohn est amené à se constituer un stock ; le tipranavir entre dans sa phase industriel : ce stock pourrait être utilisé pour les malades en échec thérapeutique, à condition que le tipranavir soit associé avec d’autres nouvelles molécules.
L’analyse des associations de ce produit avec d’autres antirétroviraux est en cours : les résultats d’un essai associant le tipranavir au ritonavir seront livrés en septembre ; d’autres études concernant les interactions avec les non nucléosidiques de la transcriptase inverse sont en cours de recrutement : il s’agirait là aussi d’accélérer le rythme.
Act Up-Paris exige que les laboratoires Pharmacia & Upjohn :
– Accélèrent et facilitent l’étude des interactions de son produit avec les principaux antirétroviraux.
– Mette à la disposition des malades en échec thérapeutique le stock de tipranavir constitué aux Etats Unis en amont de la mise sur le marché du produit.