Une quinzaine de militants d’Act Up-Paris ont, à l’issue d une réunion entre Act Up-Paris et le laboratoire Pharmacia & Upjohn exprimé leur colère devant l’indigence des propositions de ce laboratoire.
Ils ont interpellé les responsables du laboratoire aux cris de : » Pharmacia & Upjohn , profiteurs du sida « .
8 000 séropositifs, pour lesquels les traitements actuellement disponibles sont inefficaces, attendent en effet que trois laboratoires américains (Gilead, US Bioscience, Pharmacia & Upjohn) mettent à leur disposition leurs nouveaux médicaments.
Un séropositif sur dix traités, soit entre 6 000 et 8 000 personnes (chiffre livré aux associations par plusieurs responsables de services des maladies infectieuses, confirmé finalement par la Direction des Hôpitaux), ne répond plus à son traitement et voit son état de santé s’aggraver : effondrement de l’immunité (moins de 200 CD4), charge virale incontrôlable (plus de 30 000 copies), développement des maladies opportunistes.
Sous la pression des associations, l’Agence du Médicament et l’Agence Nationale de Recherche sur le Sida (ANRS) ont promis pour septembre la mise en place d’un dispositif permettant un accès large pour ces malades à de nouvelles molécules : mise en place d’essais cliniques par l’ANRS évaluant ces nouvelles molécules sur des personnes en échec thérapeutique, et, simultanément, mise en place par l’Agence des Produits de Santé d’Autorisations Temporaires d’Utilisation pour ces médicaments. Mais cela nécessite d’obtenir des laboratoires américains assez de produit pour alimenter ce dispositif d’urgence.
Or les propositions de ceux-ci sont ridicules au vue du dispositif à mettre en place et du nombre de personnes en attente de traitements efficaces.
Le laboratoire Pharmacia & Upjohn refuse d’octroyer immédiatement le tipranavir aux personnes en échec thérapeutique.
Le seul essai prévu ne sera pas débuté avant le printemps 2000 et ne sera ouvert qu’à un nombre très restreint de personnes (500 personnes pour le monde entier).
Or le tipranavir, nouvelle molécule extrêmement puissante, répondrait assez bien au besoin de ces 8000 malades en échec thérapeutique : inhibiteur de la protéase non peptidique, sa structure souple lui permet d’accéder au site actif de la protéase malgré les réarrangements liés aux mutations du virus ; le tipranavir serait donc particulièrement efficace pour les personnes résistant aux antiprotéases.
Réduire l’accès à ce médicament à seulement 60 personnes sur 8 000 implique une procédure type » tirage au sort » qu’Act Up-Paris s’est toujours refusé à cautionner.
Impossible par ailleurs à avoir l’assurance que le laboratoire ne dispose pas d’un stock plus important qu’il ne le prétend. Il est de leur intérêt, en terme de marketing, de ralentir le plus possible la mise à disposition du tipranavir. Nous connaissons leur réticence à organiser des essais cliniques sur des personnes lourdement prétraitées, les essais sur des personnes naïves de traitement donnant de meilleurs résultats.
Actuellement, il reste à entreprendre l’analyse de l’association de ce produit avec d’autres antirétroviraux. Pour l’instant seules deux études (avec le ritonavir, et avec la delavirdine) ont été menées à bien, alors qu’il est extrêmement urgent de faire des essais avec tous les autres antirétroviraux.
Act Up-Paris exige que le laboratoire Pharmacia & Upjohn :
– accélère et facilite l’étude des interactions de son produit avec les principaux antirétroviraux.
– mette à la disposition des malades en échec thérapeutique le tipranavir dans le cadre d’un octroi compassionnel.