Depuis six mois, l’accès aux antirétroviraux en Côte d’Ivoire est suspendu. Le programme d’accès aux traitements lancé par l’ONUSIDA et le Gouvernement Ivoirien en Août 1998 est en « stand by »; les inclusions de malades sont arrêtées.
Ce programme qui devait à l’origine concerner 4 000 personnes ne compte que 600 malades sous traitements. Une rumeur laisse entendre qu’un nombre croissant de malades sous bithérapies, seules combinaisons antivirales subventionnées par le Gouvernement Ivoirien, serait en échappement thérapeutique. Le coordinateur ivoirien de l’initiative a pris la décision de suspendre le programme et refuse ainsi à de nouveaux malades l’accès aux traitements indispensables à leur survie. Cette situation est inadmisible. Les malades doivent avoir accès aux traitements que leur état de santé nécessite. Or en Côte d’Ivoire, les alternatives à la bithérapie sont financièrement inaccessibles.
Les réductions de prix sur quelques traitements consenties par certaines compagnies pharmaceutiques sont largement insuffisantes. La situation en Côte d’Ivoire en témoigne, les tarifs prohibitifs des laboratoires pharmaceutiques sont le principal obstacle à la poursuite et à l’élargissement des programmes d’accès aux antirétroviraux.
Les sommes investies par le Gouvernement Ivoirien, par le Fonds de Solidarité Thérapeutique International (FSTI) et ses partenaires ne permettent pas de couvrir les besoins d’amélioration de la prise en charge, l’essentiel des fonds étant dépensé pour l’achat de molécules hors de prix.
Si des échecs thérapeutiques apparaissent en Côte d’Ivoire, ils seront d’abord imputables à une politique commerciale qui restreint les choix thérapeutiques et la possibilité de se procurer régulièrement des traitements. Les compagnies pharmaceutiques développent à grand renfort de publicité des programmes de soutien des communautés, de formation des médecins, etc. – mais elles refusent de prendre les mesures qu’imposent et nient l’évidence : leur politique tarifaire tue.
Les multinationales refusent d’envisager de nouvelles stratégies commerciales, et condamnent les pays du Sud en ne s’adaptant pas à leurs ressources.
Alors que les malades ivoiriens se mobilisent et refusent la fatalité, le Gouvernement Ivoirien, hésitant à s’opposer au lobby pharmaceutique, condamne ses populations.
Act Up-paris exige :
– que le Gouvernement Ivoirien reprenne les inclusions, et fournisse dans les plus brefs délais des données claires sur les sommes engagées, l’état de la prise en charge et les difficultés thérapeutiques,
– que l’Union européenne et les Etats membres de l’OMC garantissent l’équité de l’accès aux traitements (négociations de l’OMC à Seattle en décembre 1999).
– que les laboratoires pharmaceutiques, dont les profits sont garantis au Nord, adaptent enfin leur prix au marché des pays du Sud.