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Depuis le numéro 9, l’édito de Protocoles vous tient informés du principal dossier qui occupe les associations françaises de lutte contre le sida, mais aussi européennes : les échappements (voir p.22). Cette fois encore l’actualité entoure largement ce problème qui concerne plus de 8.000 personnes en France, 50.000 en Europe. Lors de la 7ème conférence européenne sur les traitements et les aspects cliniques de l’infection à VIH qui s’est tenue à Lisbonne du 23 au 27 octobre dernier (voir p.18), les activistes européens se sont une fois de plus retrouvés face au laboratoire Abbott. Cette firme pharmaceutique qui n’en fini pas de publier les bons résultats de son essai de phase II sur l’ABT 378, molécule intéressante pour les personnes en échec thérapeutique, a organisé cette réunion dans le but de calmer les associations. Le résultat escompté fut à l’opposé de ce qui s’est passé. Une réunion houleuse. Incapables de donner le moindre chiffre pour un protocole commençant une semaine plus tard, bredouillant à chacune des questions concernant les dates et les délais, les pays concernés ou le nombre de malades bénéficiaires, les représentants du laboratoire n’ont su qu’exaspérer les malades présents. Néanmoins quelques informations ont été données. L’essai mondial se fera dans une vingtaine de pays, dont moins de dix pour l’Europe (Espagne, Italie, France, Allemagne, Royaume Uni, Suisse, Autriche, Pays Bas. La Grèce est en pour parler. Le Portugal, la Belgique est les autres pays en sont exclus).
3 heures plus tard, le stand du laboratoire était saccagé devant les conférenciers médusés. Le lendemain c’est au tour du siège français du laboratoire d’essuyer la colère des malades. Les pochoirs sur les parois du stand, les croix plantées devant le siège et la menace du zap de leur symposium à la Tour Eiffel ont rappelé au laboratoire que les malades refusent qu’on les enterre pour raisons commerciales.
Le 8 novembre, au cours de la RéPI consacrée aux échappements lourds, le représentant du Ministère de la Santé nous apprenait que Abbott mettait à disposition l’ABT 378. En effet suite à une réunion organisée par le minsitère et réunissant les laboratoires Pharmacia & Upjohn et Abbott, ce dernier a déposé le 4 novembre dernier, une semaine aprés nos actions, une demande d’ATU de cohorte auprés de l’AFSSAPS.
Même si l’obtention de cette nouvelle molécule est une victoire pour les personnes en échappement, elle n’est pourtant pas suffisante. Prendre de l’ABT 378 maintenant alors que les autres molécules ne fonctionnent plus c’est risquer de la perdre à courte échéance. C’est pourquoi nous continuerons d’exiger des laboratoires une mise à disposition urgente des molécules en cours de développement, des institutions françaises une pression sur les firmes pharmaceutiques afin d’obtenir au plus vite ces traitements indispensables à la vie de plusieurs milliers de malades.
En attendant et parce que justement certains malades ne peuvent pas attendre, il existe plusieurs possibilités. En l’état actuel de votre traitrement demander à faire un génotype qui vous renseignera sur les mutations du virus. Aprés une période de wash out mais sur ce point les avis divergent,il faudrait que vous obteniez un test phénotypique qui vous éclairera sur les souches résistantes du virus. Ensuite reprendre les traitements par une mégathérapie faite du recyclage de certains de vos anciens traitements (en fonction du génotype) et qui incluera en plus l’ABT 378. Par ailleurs, si votre charge virale est controlée à plus de 1000 copies/ml et si vos CD4 sont supérieur à 200, vous pouvez avec l’ABT 378 demander à votre médecin de bénéficier de l’Interleukine 2 aujourd’hui disponible par ATU (voir p.11). Mais pour toutes ces propositions parlez-en avec votre médecin.