Dimanche 5 décembre à 19h00, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture de la 4ème conférence internationale sur la prise en charge extra-hospitalière et communautaire des personnes vivant avec le VIH/sida, une quinzaine de militants d’Act Up-Paris ont interpellé Dominique Gillot, secrétaire d’Etat chargé de la santé aux cris de : » 16 millions de morts, Gillot en veut encore « .
Les militants ont à nouveau demandé à Dominique Gillot quels réels engagements la France compte prendre au sujet de l’accès aux traitements dans les pays en voie de développement.
Entre commerce et santé, le gouvernement français doit choisir !
Le 24 novembre dernier Dominique Gillot a été interrogée à l’Assemblée Nationale sur la question de l’accès aux traitements contre le sida dans les pays en développement et sur la position du gouvernement français concernant les enjeux de santé lors des renégociations de l’OMC.
Jusqu’alors le gouvernement français ne s’en est tenu qu’à de vagues déclarations et à un engagement minimal au sein du Fonds de Solidarité Thérapeutique International (FSTI).
Le lancement du FSTI en 1998 était, en effet un acte symbolique ouvrant enfin des perspectives en matière d’accès aux traitements dans les pays du Sud.
Aujourd’hui, la contribution française de 40 millions de FF sur deux années est ridicule au regard des besoins et ne peut entraîner de véritable dynamique auprès d’autres bailleurs.
En outre, il a été démontré que la France a soutenu et participé aux pressions bilatérales conduites par les Etats-Unis sur des pays en développement qui tentaient de mettre en oeuvre les dispositions prévues par les accords internationaux permettant de d’accéder à des traitements à moindre coût.
Les Etats du Nord ont préférés soutenir l’industrie pharmaceutique, qui malgré la catastrophe sanitaire internationale que représente l’épidémie de sida, n’a de cesse de vouloir protéger et garantir son monopole sur les brevets des médicaments. Ils ont ainsi condamné des millions de malades à mourir sans traitement.
Ces pratiques sont illégales et criminelles.
Le 1er décembre, journée mondiale de lutte contre le sida, Bill Clinton s’est enfin engagé à faire cesser ces chantages commerciaux sur les pays en développement et à sortir l’Afrique du Sud de sa » liste noire « . Il y a quelques mois les Etats-Unis ont annoncé la mise en place d’un fonds de 100 millions de dollars supplémentaires pour la lutte contre le sida. Récemment, Tony Blair s’est également engagé à mobiliser des ressources.
La France est la troisième puissance économique au Monde. Elle ne peut s’en tenir à une contribution de 40 millions de FF.
Elle a le devoir de participer à la mobilisation internationale pour lutter contre l’épidémie et garantir l’accès aux soins et aux traitements de millions de malades.
Elle doit s’engager publiquement à ne plus recourir à des pratiques de chantage contre des pays fragiles économiquement et dévastés par l’épidémie.
Les malades en ont assez des discours et de l’hypocrisie. Ils veulent des engagements fermes.
Dominique Gillot prétendait lors de son arrivée au secrétariat d’Etat à la Santé porter ces sujets avec » toute sa détermination et sa sensibilité « . C’est plutôt sa capacité à mobiliser son gouvernement et son efficacité qui intéressent aujourd’hui les malades.