La veille du 1er décembre dernier, Act Up-Paris zappait les laboratoires Roche pour dénoncer leur dernière campagne publicitaire. La campagne est immédiatement stoppée. Trois mois plus tard, le directeur médical VIH de Roche nous explique à quel point il comprend notre réaction – lui-même en désaccord avec la campagne : « C’est un argument pour des médecins de ville, pas pour des malades »…
Souvenez-vous de la publicité : un slogan insupportable[[Viracept®
L’infection à VIH est devenue une pathologie chronique.
Moins de contraintes, plus de vie.]] pour n’importe quel malade sous traitement ou en échappement thérapeutique, soumis aux effets secondaires ou obligé de stopper son traitement ; de jeunes gens radieux et tout sourire pour illustrer le propos. A en croire Roche, prendre du Viracept®, quel fun. Le sida, c’est la joie. Pour vendre, tous les moyens sont bons. Pour vendre, vendez du rêve. C’est apparemment la ligne marketing de ce laboratoire prêt à faire fi des réalités auxquelles nous sommes confrontés chaque jour.
Depuis un an, toutes les associations de lutte contre le sida se sont mobilisées pour alerter malades, médias, grand public et politiques sur le problème des échappements thérapeutiques. Un message largement diffusé, tant grâce aux actions publiques menées contre certaines compagnies que par la presse qui a relayé l’information.
S’il est vrai que les traitements actuellement sur le marché ont permis à ceux qui y ont accès de souffler, il ne faudrait pas oublier le revers de la médaille : 8 000 personnes séropositives en France sont en situation d’échec avec leur traitement et la plupart d’entre elles sont en impasse thérapeutique. Pour toutes celles et ceux qui prennent au quotidien une polythérapie anti-sida, la survie se paye à coup d’effets secondaires plus ou moins invalidants, nécessitant parfois l’arrêt des traitements : neuropathies, diarrhées, maux de têtes, vomissements, rashs et fièvre. Sans compter que des infections opportunistes mortelles persistent : cancer, cachexie, tuberculose, toxoplasmose, CMV, candidoses, pneumocystose, affections tumorales. Nous sommes soumis au « bon vouloir » des laboratoires pour accéder à de nouvelles molécules. Dans le même temps, chaque année en France plus de 6 000 personnes sont contaminées par le VIH.
Mais pour le laboratoire Roche, « l’infection à VIH est devenue une pathologie chronique », pourvu que l’on gobe ses cachets. Pour Roche, le sida c’est avant tout 17 919 360.000 FF de bénéfices en 1998, et certainement plus en 1999 si son inhibiteur de protéase marche bien.
L’insistance des laboratoires à définir le sida comme une pathologie chronique n’est dictée que par leur volonté de tirer des profits de toute situation. Dans la guerre ouvertement déclarée aux laboratoires, Act Up-Paris entend dénoncer ces politiques commerciales, acharnées à tirer profit de l’ignorance et de la vulnérabilité des malades.