Six mois de pressions sur ONUSIDA pour obtenir enfin une consultation sur l’utilité du cotrimoxazole en Afrique. Deux ans après l’obtention du retrait des placebos dans les essais thérapeutiques sur le Bactrim… Cinq ans après le lancement de ces essais non éthiques contre lesquels nous nous sommes battus. Dix ans pour que l’utilisation de ce traitement préventif de base soit recommandée en Afrique.
Act Up est arrivé à Hararé assez déprimé : fallait-il vraiment dépenser toute cette énergie ? Mobiliser les séropos d’Afrique francophone pendant un an ? Relancer les politiques africains à chaque occasion ? Harceler les experts en les inondant d’informations ? Lancer des débats sur les forums de discussion internationaux ? Et menacer par avance d’un scandale sans précédent les institutions organisatrices de ce raout ? Tout ça pour du cotrimoxazole ? Pour si peu de chose ? Des quetsches pour les africains…
Cette consultation internationale était bien la mascarade que l’on attendait. Il a fallu se battre jusqu’au dernier round contre une écrasante majorité de chercheurs dont l’objectivité scientifique est souvent sérieusement mise à mal par les intérêts carriéristes. Furieux d’avoir été contraints par les activistes, il y a deux ans, à retirer les placebos de leurs essais pourris, ils entendaient bien réaffirmer la nécessité de leur recherche sur l’efficacité du cotrimoxazole comme préalable. On aura tout entendu : » si le cotrimoxazole est donné à tout le monde, le Fansidar® ne sera plus efficace contre la malaria « , » si on donne du cotrimoxazole trop tôt aux séropos, avant qu’ils ne tombent vraiment malades, ils ne seront pas compliants… « , » ça coûtera trop cher… « , » Rien ne prouve que le cotrimoxazole soit efficace dans tous les pays… « etc. Et la phrase de l’année, prononcée d’un air grave par un éminent connard : » il ne faut pas donner de cotrimoxazole aux séropos, sinon il n’y en aura plus pour les autres… « .
Ateliers de travail manipulés, rapporteurs malhonnêtes, chairman sous influence Il a encore fallu crier au scandale le dernier jour et disqualifier en les invectivant les leaders des opposants à l’accès au cotrimoxazole. De nouveaux essais sur l’efficacité du médicament – contre placebo – venaient d’être lancés en Zambie et en Afrique du Sud par le plus bavard d’entre eux, qui entendait tout faire pour que des recommandations imposant le cotrimoxazole comme standard de soins dans toute l’Afrique ne viennent pas remettre en question son agenda personnel.
Mais nous avons fini par l’emporter… Des quetsches pour les séropos, du cotrimo pour tous. Les promoteurs du » mieux que rien pour les africains, c’est déjà bien « et autres héraults de l’attentisme y trouvaient naïvement une compensation : Act Up se serait assagi troquant les antirétroviraux contre le cotrimoxazole.
Qu’ils ne s’y trompent pas. Il s’agit d’une première, une recommandation internationale pour le traitement des séropos dans les pays dits en développement. C’est un pas vers la prise en charge médicale des malades du sida dans ces pays. Mais, si le cotrimo retarde le développement de maladies opportunistes, les antirétroviraux sont les seuls traitements qui permettent la survie. Pas question donc d’y renoncer.