L’épidémie frappe de plus en plus les femmes. Les pouvoirs publics s’en alarment. Et pourtant, rien n’est fait pour donner la parole aux séropositives. Les discours, les pratiques médicales et la prévention en direction des femmes restent en décalage avec la réalité de l’épidémie.
Le travail de la commission Femmes est d’abord de se battre pour que change l’image que la plupart des experts donnent des femmes séropositives. Nous refusons d’être réduites à des caricatures de » salopes » ou de » victimes « . Une fois encore, à la parole des principalEs concernéEs, on substitue une expertise de la compassion. C’est précisément une réappropriation de la parole par celles qui vivent la séropositivité et la maladie qui fonde notre combat : il est plus que temps d’imposer la parole des femmes séropos, d’investir les combats féministes de nos revendications, et de donner une plus grande visibilité aux spécificités médicales et sociales de la maladie chez les femmes.
En effet, les dosages des traitements sont calculées sur des modèles masculins, les femmes ne réussissant que trop rarement à être incluses dans les essais thérapeutiques. Les effets secondaires et les maladies opportunistes spécifiques aux femmes restent peu étudiés.
L’absence de problématiques féminines dans la prise en charge médicale n’est que le révélateur d’un désintérêt plus large des pouvoirs publics, tout particulièrement dans le champ de la prévention. L’inexistence de campagnes de prévention concrètes ciblant les femmes est frappante — pour mémoire, la dernière en date se satisfaisait de son audace à montrer des préservatifs dans leur boîte d’emballage… Ce silence fait directement le jeu d’un concept particulièrement dangereux et de plus en plus répandu, celui de la réduction des risques appliquée à la prévention. Or, un moyen de prévention n’est pas » plus ou moins « efficace. Soit il est fiable à 100%, soit il ne l’est pas. Des alternatives au préservatif tardent à venir : les études sur les microbicides s’avèrent à l’heure actuelle bien décevantes, et aucun produit sur le marché n’a encore prouvé son efficacité contre le virus. Ainsi, même si nous militons pour un élargissement de l’éventail des moyens de prévention, nous devons être claires : le préservatif reste aujourd’hui le seul moyen de prévention totalement efficace. A nous de refuser les positions de victimes qui nous feraient accepter de baiser sans.