Harcelant les Etats, les laboratoires, les agences des Nations Unis, collaborant avec d’autres associations de malades, la commission Nord/Sud est sur tous les fronts pour exiger l’accès aux traitements dans les pays pauvres.
Depuis quinze ans les politiques de lutte contre le sida de ces pays, avant tout dictées par les bailleurs de fonds internationaux, se sont focalisées sur la prévention ignorant la nécessité de développer une prise en charge médicale des personnes atteintes.
Plutôt que de remettre en question la raison économique, les responsables politiques ont préféré négliger la santé publique, tenant pour acquis le prix extravagant des traitements, refusant de mettre en oeuvre les moyens nécessaires au renforcement des systèmes sanitaires, interdisant aux pays la production locale ou l’importation parallèle de traitements indispensables à la survie de leurs populations.
Depuis quinze ans des millions de personnes sont mortes, des dizaines de millions ont été contaminées, l’épidémie a suivi une progression exponentielle. Le pari des bailleurs de fonds, Banque mondiale et Union européenne en tête, selon lequel ils parviendraient à contrôler la situation à moindre frais est un échec. Et, la chute de l’espérance de vie, les répercussions économiques dramatiques, la menace que représente certaines souches virales particulièrement virulentes, ont fini par ébranler ce cynisme.
Avec l’annonce du 11 mai 2000 ouvrant la réflexion sur une réduction du prix des traitements, l’ensemble des agences des Nations Unies ainsi que certaines compagnies pharmaceutiques reconnaissent pour la première fois, et la nécessité de rendre les antirétroviraux disponibles partout dans le monde, et le prix prohibitif des médicaments.
Lors de l’Assemblée Mondiale de la Santé en mai dernier, les pays les plus touchés par l’épidémie ont exprimé une position claire : l’accès aux traitements y compris aux antirétroviraux est indispensable pour leur population et doit être mis en place de façon pérenne. Cela signifie que les laboratoires pharmaceutiques doivent se plier aux enjeux de la santé publique et adapter leur prix aux capacités de paiement des pays ou laisser ces pays selon les dispositions légales prévues par les accords internationaux produire et importer des traitements à moindre coût.
Les États du Nord, et particulièrement les Etats-Unis et l’Union européenne, doivent cesser les pressions et chantages sur les pays pauvres et contribuer financièrement à développer l’accès aux traitements.
Les programmes d’accès aux traitements qui se multiplient dans les pays pauvres se heurtent tous aux mêmes obstacles :
– les prix inaborbables des médicaments qui engloutissent les sommes engagées et empêchent les autorités sanitaires de renforcer les autres aspects de la prise en charge
– l’absence de soutien politique et financiers de la part des Etats du Nord et des organismes internationaux.