Des déclassements COTOREP, une Couverture Médicale Universelle qui nous réduit l’accès aux soins, des réductions arbitraires de nos heures d’aide à domicile, aucune structure adaptée pour le retour au travail … Nous, malades du sida, sommes chaque jour confrontés à d nouveaux problèmes de précaristion. Nous nous retrouvons de plus en plus dans des situations de non-droit intenables, soit parce que les pouvoirs publics nous retient e qu’ils nous acordaient, soit parce que les structures actuelles ne sont plus adaptées à nos besoins. C’est notamment le cas pour le logement.
La permanence Juridique d’Act Up-Paris reçoit de plus en plus de malades du sida vivant dans des logements insalubres qui mettent leur santé en péril. Pire encore, de plus en plus se retrouvent à la rue, et envisagent, lorsque ce n’est pas déjà fait, d’interrompre leur traitement, faute de ne pouvoir le suivre correctement. Du côté des bailleurs sociaux, c’est le silence radio. Ceux d’entre nous qui ne touchent que les 3575,83F d’Allocation Adulte Handicapée ne sont pas assez solvables à leurs yeux et, restent des années sans réponse à leur demande de logement social. Du côté de la Mairie de Paris, majorité et opposition rivalisent d’inertie face au problème du logement des plus démunis en général, et ne tiennent aucun compte des demandes des malades du sida. Hormis quelques vagues promesses concernant des appartements thérapeutiques, ni les socialistes, ni l’équipe en place n’a le moindre projet solide nous concernant. Or, même si les appartements thérapeutiques restent nécessaires, ils ne sont que des solutions provisoires. Ce que nous exigeons, nous, ce sont de vrais logements fixes, où nous puissions vivre, nous soigner correctement et pour longtemps. Nous sommes évidemment conscients des problèmes de confidentialité qui pourraient se poser si des malades du sida faisaient valoir leur pathologie lors de leurs demandes de logements sociaux. C’est aussi ce que nous répond le Ministère du Logement lorsque nous faisons remarquer que l’état de santé ne fait pas partie des critères retenus pour établir la liste des demandes les plus urgentes (comme le prévoit dorénavant la loi exclusion). C’est pourquoi il nous semble indispensable qu’une notification COTOREP de handicap doit suffir pour que les demandes soient acceptées et satisfaites dans des délais rapides. Certes, c’est toute une part de la politique du logement de l’Etat et des municipalités qui est ici remise en cause, mais on ne s’étonnera pas qu’une fois de plus, le sida soit révélateur de manques graves sur le plan social et que nos revendications rejoignent celles de toutes les populations socialement discriminées. La suite de ce numéro d’Action = Vie : L’accès au logement.