Imaginez un lieu clos, insalubre et surpeuplé, sans aucune possibilité d’intimité. Imaginez un état d’insécurité permanent : la peur des brimades arbitraires, du racket, du viol.
Imaginez un lieu où tout ce qui est vital – les soins, l’argent, le plaisir, le mouvement, est rare, empêcher, transformé en objet de chantage.
Imaginez un lieu où la seule manière de se faire entendre, c’est de se trancher les veines ou d’avaler une fourchette.
Imaginez l’étirement du temps, le rétrécissement de l’espace, l’attente interminable, les espoirs sans cesse déçus de libération anticipée ou conditionnelle.
Imaginez la colère et le désespoir, l’envie d’émeute et la tentation du suicide.
Ce lieu, c’est la prison. C’est ce que vivent aujourd’hui près de 50 000 personnes.
Vous vous dites : cela ne me concerne pas, cette expérience n’est pas la mienne et ils l’ont bien cherchée. Vous avez tort. Cette expérience pourrait être la vôtre demain, et elle l’est déjà un peu, par fragments.
Demandez-vous ce que vous ressentez lorsqu’on entrave votre liberté de mouvements, vos désirs, vos amours ; lorsqu’on vous manque de respect, qu’on tient pour nul ce que vous réclamez, qu’on vous prive de droits, de soins ou de revenu. Pour haïr la prison, nul besoin de compassion : nos sensations suffisent.
Voilà pourquoi, ensemble, nous descendrons dans la rue :
– Pour dire au gouvernement que nous ne voulons ni de ses surveillants supplémentaires, ni de ses prisons neuves. On n’humanise pas une épreuve inhumaine, on la supprime.
– Pour soutenir les détenus, parce qu’ils nous sont proches, physiquement : parmi nous, dans la ville, derrière ces murs visibles depuis la rue.
– Et pour nous-même, aussi. Parce que nous pourrions être de ceux-là. Et que nous ne le supporterions pas.
Nous manifestons pour les prisonniers.
Le samedi 4 novembre à 16 heures, métro Sèvres-Babylone.