Aujourd’hui, une vingtaine de militants d’Act Up-Paris se sont fait arrêter devant l’Assemblée Nationale alors qu’ils manifestaient pacifiquement pour dénoncer les conséquences de 30 ans d’application de la loi du 31 décembre 1970.
Cette loi ne cesse de mettre en danger les usagers de drogue, expérimentateurs ou réguliers, comme il y en a toujours eu dans toutes les sociétés. En favorisant la circulation de produits frelatés. En entravant la diffusion d’informations et de conseils d’usage. En perturbant sans cesse les programmes de prévention et de soins.
La position officielle actuellement en France est : «On peut changer les choses sans changer la loi». Un bilan doit pourtant être fait. Prétendre, comme le fait Nicole Maestracci (Présidente de la MILDT – Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et le Toxicomanie), que «le débat prohibition/ non-prohibition est dépassé», c’est faire insulte aux morts, aux malades et aux prisonniers.
En 30 ans, 7 000 usagers au moins sont morts de surdoses. En 30 ans, 35 500 usagers ont été contaminés par le VIH par échange de seringues. 11 000 en sont morts. 260 000 usagers au moins ont été contaminés par le VHC, et 75 000 par le VHB. 3 750 en sont déjà morts. 2 500 usagers sont co-infectés par le VIH et une ou plusieurs hépatites.
La loi 70 est caduque et meurtrière. Elle continuera à tuer, directement ou indirectement, tant qu’on ne passera pas à un régime de reconnaissance des usages et de légalisation du marché.
Des milliards de francs sont consacrés à la répression chaque année. Dans le même temps, les quelques sources dont on dispose montrent que le nombre d’usagers de substances illicites ne cesse d’augmenter. Nous ne sommes pas naïfs. Le statut légal des produits ne règle certes pas tout. Un changement de législation ne pourra s’épargner d’une réflexion approfondie sur les modalités de mise à disposition des drogues. Mais la prohibition nous a fait payer un tribut suffisamment lourd.
Qu’est-ce qui conduit à tolérer des désastres sanitaires pareils depuis 30 ans ? Cette spirale nous a déjà menés trop loin. Il faut en sortir. Nous n’avons pas affaire à autre chose qu’à un tabou électoral — un tabou qui met en danger des milliers, voire de millions d’usagers de drogues.
Une fois de plus, les députés s’apprêtent à faire payer aux usagers le prix de la prudence électorale. La lâcheté politique est intolérable.