A Paris, les fichiers de demandes d’appartements sociaux ont été détruits ou largement amputés dans les mairies d’arrondissement ayant basculé à gauche en mars dernier. C’est notamment le cas à la Mairie du XIIème. Dans le fichier central de l’Hôtel de Ville, de très nombreuses demandes ont, elles aussi, disparu.
Le nouveau cabinet de Mylène STAMBOULI, adjointe verte chargée entre autres des dossiers de logement émanant des associations de lutte contre le sida, reconnaît n’avoir trouvé à son arrivée qu’une centaine de demandes, vidées de leur contenu. Dans les dossiers restants, tout ce qui motive le caractère prioritaire de la demande — notification COTOREP indiquant un handicap, soutien des associations — a disparu. Le nouveau cabinet ne peut donc pas défendre ces dossiers auprès de la préfecture ou des services centraux de la mairie.
Les mesures de destruction n’ont pu être prises que par la droite sortante : notamment par C. GRISCELLI, prédécesseur RPR de M. STAMBOULI ; notamment par le maire RPR du XIIème, J.F. PERNIN ; et bien sûr par J. TIBERI, qui supervisait le fichier central. Cette destruction des fichiers est illégale et criminelle. Illégale, parce que les demandes d’appartements sociaux sont des dossiers administratifs et n’ont pas à être détruites lors d’une alternance politique. Criminelle, parce que les personnes précaires concernées sont maintenant obligées de recommencer des procédures de demande qui mettent en moyenne plus de deux ans à aboutir. Parmi eux, des séropos et des malades du sida vivent sans logement ou mal logés, parfois depuis plus de 5 ans. Cette situation est incompatible avec leur état de santé : la gravité de l’infection à VIH, les contraintes des traitements et leurs effets secondaires exigent d’être bien logés, de façon permanente. En détruisant leur dossier, en les obligeant à attendre encore et toujours d’être logés de façon décente et définitive, la droite les a donc condamnés à une grave détérioration de leur état de santé.
Mais si la droite est responsable de ces mesures, la nouvelle majorité de gauche se rend complice en n’agissant pas au plus vite. Alors qu’ils sont en place depuis un mois, l’attentisme et l’immobilité des élus PS, PC et Verts sont intolérables. Qu’attendent Bertrand DELANOE, Mylène STAMBOULI et Michèle BLUMENTHAL pour alerter de manière officielle l’opinion publique, les demandeurs d’appartements sociaux et les associations, pour nous informer de l’état réel des divers fichiers, et des dispositions que doivent prendre tous ceux qui ont déposé une demande, parfois depuis plus de 5 ans ? Comment comptent-ils concrétiser leur engagement électoral (attribution immédiate de 600 appartements sociaux de droit commun aux personnes atteintes par le VIH) si les fichiers ont disparu ? Ne se rendent-ils pas compte qu’avec 80 000 demandeurs de logement, dont plus de 600 séropositifs ou malades du sida, la situation mérite une réponse immédiate ?
Act Up exige :
– du RPR, de l’UDF et de DL qu’ils rendent des comptes aux précaires sur les mesures de destruction des fichiers prises à la fin du mandat de leurs élus parisiens.
– de B. DELANOE qu’il donne une information immédiate, claire et publique sur la capacité de ses services à répondre aux demandes d’appartements sociaux, dont certaines datent de plus de cinq ans, et sur les dispositions que doivent prendre les demandeurs ; et qu’il rencontre au plus vite les associations de lutte contre le sida, qui suivent les dossiers des séropos à la rue.
Nous saurons prendre toutes les mesures pour que, à gauche comme à droite, les élus parisiens, anciens ou nouveaux, cessent de mépriser la détresse des séropositifs sans logement.