Les ONG réunies aujourd’hui à Genève à l’occasion de la 54ème Assemblée Mondiale de la Santé ont réagi avec intérêts à la première déclaration du directeur général sur le Fond global destiné à fournir traitements, soins et prévention pour les maladies associées à la pauvreté.
Bien que les ONG se félicitent de l’annonce du directeur général selon laquelle la société civile prendra part à la structure de gestion du Fond, des questions restent néanmoins en suspend sur le rôle spécifique de l’OMS dans la création et la gestion de ce Fond. «Le directeur général doit expliciter le rôle de l’Organisation Mondiale de la Santé dans la gestion de ce Fond et se prononcer sur la manière dont elle s’y engagera dans les mois à venir, durant lesquels d’importantes décisions seront prises», a indiqué Zafar Mirza, de Health Action International.
Kofi Annan, le secrétaire général des Nations Unies, a appelé à la création d’un énorme fond de santé, avec un engagement annuel de 7 à 10 milliards de dollars par an, à l’occasion d’une rencontre au Nigéria le mois dernier. Cependant, la première contribution a ce Fond a été un don des Etats Unis de 200 millions de dollars. «La décision de l’administration Bush de faire un don si faible menace d’ores et déjà l’existence de ce Fond», a commenté Asia Russell, de la Health Gap Coalition.
Jeudi, le secrétaire général se rendra a Genève pour s’adresser à l’Assemblée au sujet de ce Fond. Les ONG l’appelle a promouvoir de la façon la plus ferme les principes de transparence, d’implication de la société civile, de mécanismes opérationnels, et de mobiliser des ressources suffisantes pour le Fond. «Les millions de personnes qui meurent de maladies traitables ne peuvent pas se permettre qu’il échoue», a indiqué Gaëlle Krikorian, d’Act Up-Paris.
HAI, Oxfam, ACT UP et la Health Gap Coalition appellent Kofi Annan et Gro Harlem Bruntland a élaborer des principes de fonctionnement de ce fond multilatéral qui répondent aux besoins des personnes vulnérables ou infectées. Dans le temps imparti jusqu’à l’assemblée générale de la session spéciale des Nations Unies sur le sida, le 25 juin prochain, les bailleurs devront avoir contribué de façon substantielle au Fond, et proche de l’objectif de 10 milliards de dollars. Les ONG appellent également l’OMS a porter cette discussion devant la session du TRIPS Council qui aura lieu le mois prochain.
HAI, the Health Gap Coalition, Act Up-Paris et Oxfam UK demandent un Fond basé sur le principes suivants :
1. Représentation des consommateurs et non pas de l’industrie. La voix des personnes vivant avec le VIH/sida, comme celle des autres consommateurs, doit déterminer les priorités du Fond. La représentation de l’industrie pharmaceutique comme d’autres intérêts commerciaux dans les processus de gestion ou de consultation doit être exclue. Le Fond doit fonctionner avec transparence à tous les niveaux.
2. L’argent de l’accès aux traitements doit être optimisé par le biais de mécanismes d’économie d’échelle, et l’inclusion de médicaments génériques. Un système d’achats groupés, basé sur un procédé d’appel d’offre incluant les producteurs de génériques, doit être utilisé pour atteindre les meilleurs prix possibles «indépendamment de la situation au regard des brevets» pour des soins essentiels a la survie.
3. Les pays les plus riches doivent contribuer au Fond à hauteur de milliards, et non pas de millions ! Afin que le Fond atteigne son but : fournir traitements, soins et prévention pour les personnes des pays pauvres confrontées au sida, à la tuberculose, à la malaria et aux autres maladies liées a la pauvreté, les pays industrialisés doivent, dès maintenant et sur le long terme, apporter des ressources substantielles.
4. Renforcement des systèmes de santé existants. Le Fond doit soutenir des programmes offrant un accès global aux services de santé, et qui devraient fonctionner avec un cadre national d’accès aux soins équitable.