Nairobi, le 27 mai 2001. La Coalition Kenyane pour l’Accès aux Médicaments Essentiels en a appelé aujourd’hui au Secrétaire d’Etat américain Colin Powell pour qu’il agisse concrètement en vue d’assurer l’accessibilité des médicaments pour les personnes vivant avec le VIH/sida. La Coalition rappelle qu’en dépit de l’existence de traitements efficaces, des millions de personnes continueront à mourir en Afrique si les Etats-Unis et les autres pays riches ne font pas preuve d’une réelle volonté politique en engageant des ressources financières sans précédant pour le traitement du sida. Cet appel a été lancé à M. Powell lors de sa visite auprès des malades du bidonville de Kibera près de Nairobi.
« Chaque kényan a un ami ou un parent infecté ou en train de mourir du sida. Alors qu’il existe un traitement, mon mari et mon bébé sont morts du sida parce que les antirétroviraux sont vendus trop chers » explique Patricia Asero, qui travaille pour MSF à la mobilisation contre le sida dans le bidonville de Kibéra, au Secrétaire d’Etat lors de sa rencontre avec les malades. « Nous vous demandons de nous montrer que le gouvernement américain soutien l’accès aux traitements contre le VIH pour les africains, en augmentant les financements à la lutte contre cette épidémie mondiale, et en soutenant toutes les mesures légales, telle la compétition générique, pouvant assurer l’accessibilité aux médicaments vitaux, y compris les antirétroviraux, dans les pays en développement », déclare-t-elle au nom de la Coalition Kényane.
La Coalition Kényane pour l’accès aux médicaments essentiels a exprimé son soutien à la visite du Secrétaire Général au Kenya et à ses récentes déclarations sur le sida comme priorité de la politique extérieure Américaine.
Néanmoins, la Coalition Kényane déplore, aux côtés des activistes de nombreux pays, le montant de 200 millions de dollars qu’ont annoncé les Etats-Unis en réponse à l’appel du Secrétaire Général Kofi Annan pour la création d’un Fonds mondial sida et Santé qui doit permettre de combattre le sida, le paludisme et la tuberculose. En effet, cette contribution ne représente que 2% des 10 milliards de dollars nécessaires annuellement selon les experts afin de contrôler l’épidémie.
La Coalition Kényane exhorte le gouvernement américain à soutenir activement toutes les mesures légales, y compris la concurrence avec les génériques, afin d’assurer l’accessibilité à long terme des médicaments contre le sida et des autres pathologies et de garantir durablement une solution tarification équitable des médicaments dans les pays en développement. Cet appel intervient une semaine avant que le Parlement Kenyan n’examine la nouvelle proposition de loi sur la propriété industrielle. La Coalition Kenyane demande que cette loi, qui mettra le Kenya en conformité avec les accords de l’OMC, et notamment les accords traitant de la propriété intellectuelle (TRIPS), intègre les clauses de sauvegarde internationalement reconnues telles que les licences obligatoires et l’importation parallèle ; ce de façon à ce que les kényans puissent obtenir les médicaments les moins chers du marché mondial.
Au Kenya, on estime que 2.3 millions d’adultes vivent avec le VIH, et que la mortalité liée au sida atteint 700 décès par jour. Si en Europe la mortalité a pu être réduite de 80% depuis l’arrivée des multithérapies, en Afrique l’épidémie reste un fléau mortel. L’une des raisons majeures pour expliquer la mort d’un nombre si conséquent de personnes est actuellement le prix des antirétroviraux et des autres médicaments vitaux qui restent inabordables. Bien que les fabricants de génériques vendent des trithérapies dans certains pays africains (le Cameroun, le Nigéria) pour 350 Dollars US par patient et par an, au Kénya le prix le plus bas que des hôpitaux ont pu négocier est de 1,330-1,620 Dollars US par patient par an. Toutefois l’énorme majorité des personnes traitées doivent payer bien davantage si bien qu’en définitivement moins de 2000 personnes sont sous traitement dans le pays.
La Coalition Kényane pour l’accès aux médicaments essentiels comprend :
Action Aid, The Association of People living with AIDS in Kenya (TAPWAK); Health Action International (HAI Africa); Network for people living with HIV/AIDS (NEPHAK); Women Fighting AIDS in Kenya (WOFAK); Society for Woman and AIDS in Kenya (SWAK); Nyumbani; International Federation of Women Lawyers Kenya (FIDA); CARE International; Midecins Sans Frontihres (MSF)/ Doctors Without Borders; DACASA; Pharmaciens Sans Frontieres (PSF); Kenya Medical Association (KMA); Consumer Information Network; Campaigners for AIDS Free Society.