Au mois de juin 2000 l’Assemblée Nationale ainsi que le Sénat rendaient leur rapport sur les conditions de détention dans les prisons françaises. Un constat terrible, des propositions intéressantes : ces rapports ont suscité un immense espoir chez les détenus, leurs proches et les associations qui les soutiennent.
On ne peut pas dire que depuis un an, nos élus soient restés sans rien faire : des colloques à la pelle dans chaque parti ; une proposition de loi votée le 26 avril, avec des articles sur la surpopulation carcérale dans les maisons d’arrêt ; un autre sur les détenus gravement malades ; un contrôle général des prisons, la réduction du nombre de jours de mitard, etc.
Mais, concrètement, rien n’a changé dans le quotidien des détenus. Et les décisions pratiques prises par les parlementaires sont en totale contradiction avec leurs bonnes intentions affichées : ils ont ainsi voté des crédits pour la construction de prisons neuves, alors même qu’ils avaient clairement affirmé dans leur rapport que les sans-papiers, les malades, les usagers de drogues et également les personnes ayant des troubles mentaux n’avaient rien à faire en prison ; soit environ 15 000 personnes qui auraient pu être libérées, dès juin 2000. Cela aurait permis de débloquer les crédits pour rénover les prisons existantes. Cela aurait également obligé les élus à se pencher sur le cas des autres détenus. Le Parlement pense qu’il est utile qu’ils restent en prison. Nous pas. Libérer 15 000 personnes auraient demandé un minimum de courage politique. Les parlementaires et le gouvernement ne l’ont pas eu.
Les mêmes responsables politiques qui s’indignaient en juin 2000 de la situation des détenus atteints de pathologies graves n’ont rien fait pour systématiser et accélérer les grâces médicales. Ainsi, un détenu à Eysses, atteint d’un cancer, est aujourd’hui hospitalisé en phase terminale. Faire mourir les détenus malades à l’hôpital plutôt qu’en prison, est-ce là le désir des députés et sénateurs ?
Lourdeur des procédures de vote, des débats parlementaires, des séances : tout retarde la mise en application de mesures d’urgence pour améliorer la situation des détenus. Nous n’avons pas le temps d’attendre. A un an d’échéances électorales, nous saurons rappeler à nos élus et au gouvernement que l’urgence de la situation exige des mesures immédiates.