Aujourd’hui, 20 militants d’Act Up-Paris ont fait un die-in dans les locaux de l’hôpital de Gonesse (Val d’Oise, 95), afin d’exiger que le service VIH de cet hôpital cesse de refouler les personnes séropositives.
Depuis un an en effet, ce service refuse d’intégrer de nouveaux patients. Des malades s’y sont vu refuser des soins. L’hôpital les oriente vers d’autres structures, sans s’assurer qu’ils pourront réellement s’y faire suivre.
Une situation prévisible depuis deux ans
Depuis deux ans, le nombre de malades s’adressant à cet hôpital est en constante augmentation : 160 nouveaux cas il y a deux ans, plus de 50 dans deux premiers mois de l’année 2001.
Aujourd’hui le seul médecin affecté au service VIH de l’établissement a une file active de 450 malades. En comparaison, la file active d’un médecin hospitalier VIH comprend généralement de 50 à 100 personnes. Matériellement, cet unique médecin n’est plus en mesure d’accueillir de nouveaux malades depuis un an. Et cela fait deux ans qu’il a alerté la direction de l’hôpital sur le fait qu’il ne pourrait plus faire face à la demande.
Mais celle-ci a laissé la situation se dégrader. La principale cause de ce dysfonctionnement est d’ordre budgétaire, sans doute. Mais plutôt que se battre pour obtenir des moyens supplémentaires, le directeur de l’hôpital, M. Burnier, s’efforce d’ignorer. Dans sa réponse au courrier que nous lui avions adressé le 26 avril 2001, il reconnaît les faits, mais n’évoque aucune démarche ni proposition pour débloquer la situation.
Peut-être ne veut-il pas de ces malades, qui sont en grande majorité en situation sociale précaire.
En 2001, on renvoie à la rue des malades du sida, pour la plupart précaires et/ ou étrangers
A Gonesse aujourd’hui, les patients séropositifs sont donc renvoyés vers d’autres centres de soins. Mais réorienter des malades en situation précaire vers d’autres centres hospitaliers n’est rien d’autre qu’irresponsable.
Quand on est malade, sans argent, sans voiture, parfois sans papier ou sans moyen de se repérer dans le dédale de la banlieue parisienne, et qu’on se fait jeter de l’hôpital le plus proche de chez soi, qu’est-ce qu’on fait ? On abandonne le plus souvent le projet de se soigner. Au risque de voir progresser brutalement la maladie, et de mourir de maladies opportunistes.
Alors que des associations, des malades, des personnels soignants se battent pour améliorer le dépistage, l’accès au suivi médical le plus précoce possible et la prévention, des hôpitaux baissent les bras ; des administratifs font semblant d’ignorer la gravité du sida et exposent des malades aux pires diffciultés.
Irresponsabilité ou cynisme ? La passivité avec laquelle M. Burnier aborde sa mission de santé publique est inacceptable, incompréhensible et criminelle.
Act Up-Paris exige : que des moyens soient débloqués dans les plus brefs délais pour assurer aux personnes séropositives la prise en charge de qualité dont elles ont toutes besoin. Ce qui signifie des médecins supplémentaires et le personnel nécessaire pour accueillir et soigner tous les malades.
Act Up-Paris exige que la Direction des Hôpitaux et le ministre de la Santé se saisissent du sujet .