Au mois de juillet une pétition demandant la libération de Maurice Papon pour raison « médicale et humaniste » était remise au président de la République, signée entre autres par deux anciens Premiers ministres (MM. Barre et Mesmer).
On croit rêver. Dans la nuit 7 au 8 juin 2001, Monsieur R. C. est mort incarcéré au centre de détention d’Eysses des suites d’un cancer, sans que quiconque s’en soit ému. Depuis trop longtemps des détenus meurent en prison, du sida ou d’autres pathologies graves, sans qu’aucun membre de l’exécutif français ou de l’Administration Pénitentiaire semble s’en émouvoir.
Comme Elizabeth Guigou, Marylise Lebranchu laisse mourir en prison les détenus qui devraient bénéficier d’une g mot929.
Act Up lui a transmis deux demandes. L’une de G. J., 48 ans, séropositif depuis 1985, incarcéré depuis 11 ans en maison centrale, l’autre de G. D., incarcéré en maison d’arrêt, souffrant d’hépatite C et ayant subi quatre opérations chirurgicales dont l’ablation d’un rein, cardiaque, et atteint d’une artérite évolutive.
Marylise Lebranchu n’a toujours pas répondu à ces demandes de grâce médicale. Elle refuse toujours de rencontrer Act Up pour débattre d’une réforme sur ce sujet ; une refonte pourtant nécessaire et réclamée par les parlementaires eux-mêmes. « La procédure devrait relever du juge d’application des peines qui pourrait, pour prendre sa décision, s’appuyer sur des expertises médicales établissant que le détenu est atteint d’une maladie mettant en jeu son pronostic vital » indiquaient-ils dans « La France face à ses prisons », Commission d’enquête de l’Assemblée Nationale juin 2000. Les sénateurs, quant à eux, n’hésitaient pas à parler d’ « une humiliation pour la république » à la même époque.
Nous essayons depuis des années d’obtenir la libération de tous les prisonniers atteints de pathologies graves, quelle que soit la raison de leur détention. Ces arguments sont méprisés pour les plus pauvres, les plus ignorants de leurs droits.
Le gouvernement est incapable de répondre à certains problèmes de société autrement que par la prison. Il met en détention des sans-papiers, des usagers de stupéfiants. Il se prépare à réformer l’ordonnance de 1945 pour pouvoir incarcérer un peu plus les mineurs. Il refuse de réformer le régime des longues incarcérations, et de supprimer le régime des détenus particulièrement surveillés (DPS). Pour répondre aux problèmes posés par la prison (pauvreté, rejet, conditions de vie inhumaines, violences, etc.), il préfère lancer des programmes de construction de prisons neuves que de libérer ses prisonniers.
Jusqu’à quand le gouvernement jouera-t-il la politique de l’inertie et abdiquera-t-il ses responsabilités ? Jusqu’à quand laissera-t-il en prison des personnes dont l’état de santé est incompatible avec l’incarcération ?
Les détenus malades n’ont pas le temps d’attendre.
Nous demandons la libération immédiate des détenus malades du sida ou atteints de pathologies graves.
Nous appliquerons la tolérance zéro vis-à-vis des politiques chaque fois qu’ils laisseront les détenus mourir en détention.
Nous attendons d’eux qu’ils entreprennent maintenant des réformes réelles du régime d’incarcération en France, non pas qu’ils signent des pétitions.
On ne réforme pas la prison en enfermant des gens et en les laissant mourir en détention.