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La campagne de prévention du VIH/sida prévue pour juillet 2001 a été censurée par Lionel jospin et son administration, le Service d’Information du Gouvernement (SIG), sous les pressions de la ministre déléguée a la famille et à l’enfance, Ségolène Royal. Cette campagne aurait le tort, selon eux, de présenter sous un jour trop cru diverses sexualités. Bernard Kouchner, ministre délégué a la santé, et son administration, la Direction Générale de la Santé, n’ont pas pu ou voulu défendre leur campagne. Cette décision a évidemment été prise sans consulter les associations. En réaction à cette censure Act Up-Paris a zappé, le matin de la Gay Pride, le SIG.

Zap

sig1.jpg A 10h30, une vingtaine de militants se rend au SIG. La police s’interpose très rapidement. Des préservatifs remplis de faux sang volent au-dessus des têtes des policiers pris de court. En quelques minutes, la façade du SIG est redécorée, devant les caméras de télévision. Vexés, les forces de l’ordre arrêtent les militants, vérifient les identités après fouille complète – on nous a même enlever nos chaussettes ! Nous serons heureusement libérés pour aller manifester l’après-midi. sig2.jpg

La réaction du directeur du SIG est pathétique.

Bernard Candiard se justifie en nous expliquant que « la pornographie est interdite en France » – ce qui, au passage, est faux – et que « le gouvernement ne pouvait cautionner un spot qui présentait un caractère pornographique. » Comme su un spot de prévention était assimilable à un film X ! Il se dit choqué par une séquence mettant en scène une personne en fauteuil roulant. Son argumentation est purement abjecte : « Il ne faut pas faire d’ironie avec ces gens-là » (sic). Pour Bernard Candiard évoquer la sexualité des handicapés moteurs revient à faire de l’ironie ! Les points de vue personnels de Bernard Candiard ne nous regardent pas. Par contre qu’ils puissent influencer d’une quelconque manière une campagne de prévention est totalement inacceptable.

La cosette du sida

La réaction de Ségolène Royal est tout aussi consternante. Elle s’estime incomprise et victime d’une injustice. Nos informations sont soit erronées, soit infondées : nos critiques sont « inacceptables dans les termes ». Bref, elle est bien malheureuse, ce qui ne l’empêche pas de dire n’importe quoi sur la campagne censurée ou sur son rôle dans la lutte contre le sida : « Une décision a alors été prise : celle de ne pas présenter au public cette campagne qui, au demeurant et vous en conviendrez, n’était nullement « ciblée », ne constituant pas « une prévention efficace », ne parlait pas « ouvertement de pratiques sexuelles à risque » et informait encore moins sur les « moyens de se protéger ». En tout état de cause, ce projet de campagne ne permettait pas, comme vous l’écriviez de « remobiliser le grand public », bien au contraire. » Ségolène Royal se plaint de la façon dont Act Up la traite : « (…) infondée (et inacceptable dans les termes) une conduite qui serait la mienne et que vous qualifiez de « puritanisme assassin ». » Elle cherche à faire valoir ses faits d’arme dans la lutte contre le sida : « Dois-je vous rappeler que j’ai été la première ministre chargée de l’enseignement scolaire qui ait imposé dans l’éducation nationale des heures d’enseignement obligatoire d’éducation à la sexualité dès le collège et qui ait proposé des outils pédagogiques faisait explicitement référence à la lutte contre le sida et au moyen de se protéger (rajout à la main) et qui ait été la première à parler d’homophobie à l’éducation nationale ! » courrier-royal.jpg La Ministre se permet enfin de faire la leçon : (rajout à la main) « Si l’on veut vraiment une campagne efficace, alors que l’on ose montrer des malades en fin de vie et non pas une copulation de coccinelles comme il y avait dans le projet !! » Conclusion. Nous ne serions pas arrivés à cette situation si l’ensemble du gouvernement, du ministre de la Santé au Premier ministre en passant par tous les ministres concernés, était à l’écoute des associations de lutte contre le sida. Le processus d’élaboration, et surtout de validation des campagnes excluent les associatifs et autorisent des responsables, comme Bernard Candiard, comme Ségolène Royal, à prendre des décisions arbitraires, fondées sur des logiques qui n’ont rien à voir avec les impératifs de santé.