Du 9 au 13 novembre, au Qatar, l’OMC devra se prononcer sur l’accès aux médicaments pour les malades des pays en développement.
Les gouvernements africains ont demandé un moratoire sur les actions menées devant l’OMC à l’encontre des pays pauvres qui veulent recourir à des médicaments copiés, moins coûteux.
Les pays du nord s’y opposent, l’OMC se range à leurs côtés. Aujourd’hui, une vingtaine d’associations de personnes atteintes et d’associations de lutte contre le sida ont adressé une lettre ouverte à l’OMC. Elles soutiennent la demande des pays du Sud et exigent que l’OMC reconnaisse l’absolue priorité des enjeux de santé.
Chaque jour 10 000 malades meurent, alors qu’ils pourraient être traités. Le prix des médicaments joue un rôle déterminant. Et la multiplication des sources de production est indispensable pour que l’ensemble des traitements anti-VIH/sida soit abordable, durablement, pour les pays pauvres.
Les accords internationaux sur la propriété intellectuelle autorisent les pays à produire ou à importer des copies de médicaments. Une partie des traitements anti-VIH sont fabriqués dans certains pays, comme l’Inde ou le Brésil, et vendus à bas prix — ce qui a notamment pour effet d’obliger les multinationales pharmaceutiques à aligner leurs tarifs.
Mais la plupart des pays en développement, soumis à pression, hésitent encore à autoriser la production ou l’importation des copies de médicaments, craignant les représailles des pays occidentaux. Les productions locales ne concernent donc que très peu de pays et il n’existe toujours aucune copie des traitements les plus récents, qui restent inabordables.
Malgré les discours de certains responsables politiques, dans les faits et par leurs pressions, les Etats Unis et l’Europe refusent aux plus pauvres l’utilisation de dispositions dont eux-mêmes usent couramment dans d’autres domaines que la santé (les licences obligatoires, notamment). C’est pourquoi les pays en développement demandent que l’OMC donne officiellement des garanties aux pays qui souhaitent recourir à des copies de médicaments.
Des médicaments abordables et de qualité doivent être produits et distribués par les pays en développement sans qu’aucune mesure de rétorsion ne les inquiète. Au-delà du moratoire demandé par les pays africains, les règles du jeu doivent changer. Aujourd’hui, pour l’ouverture du Conseil de TRIPS, la lettre ouverte des ONG a été adressée aux responsables de l’OMC. M. Geuze, en charge du Conseil de TRIPS, a pourtant refusé de se prononcer. Mike Moore, directeur de l’OMC, se doit de répondre aux ONG de malades et de lutte contre le sida et soutenir officiellement les pays en développement.