Lors de la 8ème conférence européenne sur les aspects cliniques et les traitements du VIH qui s’est tenue à Athènes du 28 au 31 octobre 2001 ont été présentés les résultats de certains essais que nous avions présentés dans ces colonnes. Dans le prochain numéro nous commenterons plus amplement cette conférence. En attendant, voici ces résultats.
véga
C. Aubron-Olivier présentait les résultats préliminaires de l’essai véga. Cet essai clinique était destiné à vérifier le bénéfice d’implants d’acide polylactique, plus connus sous le nom de Newfill chez des personnes atteintes de lipoatrophies du visage. Le résultat était évalué par le gain d’épaisseur de tissu des joues. La technique consistait à pratiquer 4 injections du polymère utilisé, espacées de 15 jours. Une cinquième injection pouvait être réalisée selon le résultat obtenu après deux mois.
Selon les investigateurs, après six mois, date de publication de ce résultat intermédiaire, le gain moyen est de 9,5 mm. Bien entendu cela ne signifie pas grand chose, annoncé comme cela, mais il faut savoir que, d’une part, les photographies montrées lors de la présentation montrent une réelle évolution et d’autre part, un des critères de l’essai ayant été la satisfaction exprimée par les patients, les investigateurs ont été heureux d’annoncer que c’est une réussite à 100%, résultat rare dans un essai clinique. A noter tout de même une difficulté pour tous les participants, les 24 à 48 heures douloureuses qui suivent les injections. Il reste à poursuivre cet essai et à voir quel sera le résultat à plus long terme. Nous ne manquerons pas de vous en faire part.
gighaart
Christine Katlama herself a présenté les résultats de l’essai gighaart (ANRS 097) que nous avions présenté dans Protocoles 12. Pour mémoire, cet essai était destiné à des personnes en situation d’échec thérapeutique, dans une impasse totale de nouveau traitement. Il devait comparer l’effet d’une thérapie de choc, composée de 7, 8 ou 9 antiviraux, proposée à ces patients immédiatement ou après une interruption de traitement de 8 semaines destinée à permettre une éventuelle resensibilisation du virus aux traitements. L’ensemble des patients de cet essai avaient essayé toutes les classes de médicaments, avaient pris en moyenne 11 médicaments différents et la plupart d’entre eux avaient des virus ayant accumulé toutes les mutations conférant une résistance majeure à toutes les classes de médicaments.
Après 20 semaines de traitement, cet essai a été arrêté prématurément car les résultats sont clairs : le bénéfice de la période d’interruption est évident, comme on le constate sur le nombre de lymphocytes CD4 gagnés en moyenne : 16 dans le groupe à thérapie immédiate, 40 dans le groupe à thérapie différée, ou sur la baisse de charge virale : – 0,4log dans le groupe à thérapie immédiate, – 1,9log dans le groupe à thérapie différée.
C’est pourquoi, au vu de ces résultats il a été jugé non éthique de continuer l’expérience. Le bénéfice de cette interruption de traitement est aussi probant quant aux mutations du virus : chez près de la moitié des patients de l’essai, les virus ont perdu les mutations conférant des résistances à une ou plusieurs classes de médicaments. C’est vraiment un résultat sur lequel nous reviendrons prochainement en abordant le thème des interruptions de traitement.
esprit
Jan Gerstoft présentait un résultat intermédiaire pour le groupe international de cliniciens ayant monté l’essai esprit (Protocoles 16). Cette étude à long terme évaluait le bénéfice de cures d’interleukine 2 dans diverses situations d’évolution de l’infection à VIH.
Les 4.000 personnes incluses avaient plus de 300 lymphocytes CD4 par mm3 et étaient réparties en deux groupes, celles recevant un traitement standard et celles recevant ce traitement auquel était adjoint des cures d’interleukine 2 de
7,5 MIU deux fois par jour pendant 5 jours toutes les huit semaines.
Après trois cycles d’IL 2, on constate chez 248 patients du groupe ayant eu ces cures une augmentation moyenne de 352 lymphocytes CD4. Le principal intérêt de cette étude à ce stade était d’étudier quels paramètres permettaient de prédire le bénéfice de l’usage de l’IL 2. Il apparaît que, sur bon nombre de paramètres étudiés, c’est le compte de CD4 minimum atteint par les patients qui est le paramètre le plus prédicteur du résultat de l’usage de IL2 et pratiquement le seul.
La seule critique qu’on peut faire à cet essai qui démontre fortement les effets secondaires sérieux liés à l’emploi de l’IL2 est d’avoir utilisé une dose plutôt forte si on la compare à la pratique courante de nombreux autres essais du même type, à savoir 5 MIU au lieu de 7,5 MIU. Ceci explique une relative faiblesse des résultats comparés à ceux d’autres essais du même type.