Hier, Bernard Kouchner présentait au Conseil des ministres le plan triennal de lutte contre le sida, et a lancé devant les médias la campagne de prévention nationale du 1er décembre. La conférence de presse et le discours prononcé par le ministre le montrent, les pouvoirs publics sont toujours aussi incapables de se mobiliser et de mobiliser le grand public contre le VIH.
Inertie face à la prévention
Les spots de prévention prévus pour décembre n’évoquent pas les pratiques sexuelles, ne sont pas clairement ciblés et sont d’une platitude totalement inadaptée à l’urgence de la situation. Le gouvernement ne pourra mobiliser le grand public avec ces films. Rappel : L. JOSPIN a censuré cet été une campagne de prévention qui évoquait ouvertement des pratiques sexuelles.
Aucun travail n’est sérieusement engagé sur le préservatif féminin. Bernard Kouchner et son cabinet ignorent jusqu’au prix de cet outil de prévention et l’existence d’un nouveau modèle, la Présinette.
L’éducation à la sexualité en milieu scolaire est aujourd’hui inefficace : sans moyen horaire, sans programme, sans personnel formé. Le ministre ne peut pas se retrancher, comme il l’a fait aujourd’hui, derrière l’inaction des chefs d’établissement qui ne font que répondre à l’inaction du gouvernement.
Inertie face aux enjeux thérapeutiques
Un plan de lutte contre les hépatites virales est annoncé pour janvier 2002, déconnecté du plan de lutte contre le VIH. Pourtant, la co-infection VIH-VHC est la première cause de mortalité chez les malades du sida.
Bernard Kouchner affirme que l’accès aux nouvelles molécules pour les malades en échappement thérapeutique «dépend des capacités de production par les laboratoires». Il se soumet donc à la seule logique de l’industrie pharmaceutique même lorsqu’elle menace la santé publique et la vie de milliers de malades.
Inertie face à la pandémie mondiale
L’annonce de 150 millions d’euros sur trois ans pour le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et la malaria rend B. Kouchner très fier. Il se targue même que la France soit le pays moteur en matière d’accès aux traitements dans les pays du Sud. Cette somme ne correspond pourtant qu’à moins de 2 % des 10,4 milliards de dollars US nécessaires selon Kofi Annan.
Cette maigre participation de la cinquième puissance du monde ne doit pas faire oublier que tout étranger venu en France se faire soigner est automatiquement exclu de l’aide médicale de l’Etat (A.M.E.). Que fait B. Kouchner sur ce dossier ?
Bernard Kouchner rend hommage au travail des associations de lutte contre le sida «à qui incombe la plus grande part de la prévention». Nous aimerions moins d’hommage mais plus d’efficacité de la part de ce gouvernement.
Act up est en guerre contre l’inertie du gouvernement et le rappellera le 1er décembre (journée mondiale de lutte contre le sida)