Au Caire, le 11 mai 2001, près de 60 personnes étaient arrêtées et inculpées pour « violation des enseignements de la religion et propagation d’idées dépravées et d’immoralité sexuelle ». Bien que l’homosexualité ne soit pas explicitement condamnée par la loi égyptienne, 52 d’entre elles, soupçonnées d’homosexualité, ont été jugées par un tribunal d’exception, sans possibilité de faire appel. 23 de ces 52 personnes ont été condamnées le 14 novembre dernier à des peines de prison avec travaux forcés allant de trois à cinq ans. Aujourd’hui, seule une intervention directe du président égyptien, Hosni Moubarak, peut les faire libérer.
Seul Mahmoud Abdel Fatah, jugé séparément en raison de son âge (16 ans) a pu faire appel : de trois ans d’emprisonnement, sa peine est passée à six mois, assortis de six mois de probation. Incarcéré depuis plus de sept mois, le jeune homme a donc pu être relâché immédiatement.
Depuis quelques années, ces tribunaux d’exception appliquent la Charia avec sévérité sous pression de militants islamistes et avec l’assentiment du gouvernement égyptien. Tout en contrôlant la plupart du temps fermement l’extrémisme religieux, le président donne, à travers ce genre de procès, des gages aux militants intégristes. Les homosexuels, réels ou présumés, ne sont que des pions dans le jeu d’équilibriste politique que joue Hosni Moubarak.
Dans cette affaire, les gouvernements occidentaux se sont fait remarquer par une absence totale de réaction. Tony Blair est même allé passer ses vacances en Égypte en fin d’année dernière. Jacques Chirac considère de son côté que « le principe de la souveraineté des États ne permet pas (…) d’intervenir dans une affaire relevant de la compétence d’une juridiction étrangère » (Entretien accordé à Têtu, 14/12/01). Seuls 114 députés français ont demandé la libération des condamnés, jugeant la décision de la justice égyptienne « contraire aux droits universels de la personne humaine ».