Début janvier 2002, nous avons adressé le dossier suivant à un certain nombre de sites web gays fournissant aux internautes des services de petites annonces ou de chat.
Le net reste un lieu privilégié où peuvent s’exprimer les barebackers. Et la nécessité de répondre à ce discours, là où il est le plus répandu, est d’autant plus grande que les pouvoirs publics ont totalement délaissé ce média. Pourtant, de plus en plus d’homos, et notamment des jeunes, utilisent Internet pour fantasmer, faire des rencontres, baiser.
Le dossier suivant a donc été envoyé à une petite dizaine de sites, chez qui on peut parfois trouver des pages de prévention, mais qui n’ont le plus souvent entamé aucun débat sur le bareback. Nous attendons maintenant leur réponse.
Bareback
Le bareback est une idéologie qui prône la prise de risque et la baise sans capote. Diverses raisons sont invoquées : le partage du virus comme marque d’amour ; le « vrai » plaisir, « naturel » opposé à un plaisir diminué qu’apporterait la baise avec capote ; la « liberté » de disposer de son propre corps ; le fait que le sida serait un danger moins sérieux qu’auparavant.
A côté du relâchement des pratiques safe (relapse), le bareback suppose lui une véritable volonté de baiser sans capote et une argumentation pour la justifier. Le bareback a sans doute toujours existé, mais il est sorti de sa confidentialité à un moment où l’épidémie a changé de visage, du moins dans les pays développés. Le bareback se présente volontiers comme un discours révolutionnaire : la liberté du corps contre la « morale » du tout capote. Mais ne vous y trompez pas : mettre une capote n’est pas un acte qui entrave la liberté sexuelle, c’est un acte médical, un acte de protection, le seul moyen d’empêcher la contamination par le virus du sida. Etre libre de son corps, c’est essayer de garder son corps en bonne santé.
Tu prends des risques parce que…
– Tu penses que le sida, ce n’est pas si grave que ça
Si tu es séronégatif
Tu es peut-être mal informé sur la réalité actuelle du sida. Le VIH reste incurable, et que ce soit en France ou ailleurs, on continue de mourir du sida. Les traitements ne font que limiter la réplication du virus. Leur efficacité est provisoire (à ce jour, 10 % des personnes traitées sont en échappement thérapeutique, c’est à dire que plus aucun traitement n’a d’effet). Les effets secondaires sont souvent handicapants (diarrhées, fatigues, lipodystrophies, dépression, etc.). Le risque que tu cours est donc bien réel.
Si tu es séropositif
Tu sous-estimes peut-être la réalité d’autres MST (syphilis, gonococcies, etc…) qui ne peuvent qu’aggraver l’infection à VIH. Tu ignores peut-être que tu peux par ailleurs être infecté par un virus du sida différent du tien, qui aura muté et peut développer des résistances aux traitements.
– Tu refuses les « contraintes de la prévention », de la capote et du gel
Mais seule la capote, utilisée avec du gel lubrifiant à l’eau, protège du sida et des MST. Les utiliser constamment peut être lassant, mais il n’y a pas d’alternative.
– Tu sais déjà tout ça et tu assumes pleinement le bareback
Une épidémie ne peut être endiguée que si chacun fait un effort de prévention. En pratiquant le sexe sans capote, tu contribues directement à un retour de l’épidémie.
Si tu es séronégatif
Tu risques de te faire contaminer par le virus du sida et de devoir suivre un traitement lourd, à vie. Tu risques aussi de contracter toutes les autres MST qui, outre le fait d’être handicapantes en elles-mêmes, facilitent la transmission du virus.
Si tu es séropo
Tu risques de transmettre le virus du sida à un séronégatif. Et si tu baises avec un séropo, tu risques de contracter une MST qui te fragilisera ou de la transmettre à un autre séropo. Comme indiqué plus haut, tu peux par ailleurs être infecté par un virus du sida différent du tien, qui aura muté et peut développer des résistances aux traitements et te retrouver ainsi en échappement thérapeutique, à savoir que plus aucun médicament ne pourra freiner la progression du virus.
Dans tous les cas, n’oubliez jamais :
– Que seul le préservatif, masculin ou féminin, utilisé avec du gel pour les pénétrations anales, protège d’une infection au virus du sida et aux MST.
– Qu’en cas de prise de risques, vous devez vous rendre le plus vite possible, et au plus tard sous les 48 heures, dans un service hospitalier d’urgence afin d’obtenir un traitement préventif qui empêche la contamination.
– Faire régulièrement un dépistage du VIH et des hépatites virales.