Aujourd’hui, 7 militants d’Act Up-Paris ont interpellé Lionel Jospin, candidat à l’élection présidentielle, à l’occasion du meeting « 2002 femmes » organisé au Palais des Sports par le Parti Socialiste pour la journée mondiale de la femme. Depuis près de cinq ans, les responsables politiques français tiennent un discours sans ambiguïté sur la nécessité de donner accès aux médicaments contre le sida aux malades des pays en développement. Dans les faits, pourtant, la politique française est en totale contradiction avec les discours politiques, qu’il s’agisse du financement de l’aide au développement, de la lutte contre le sida ou de l’accès aux traitements dans les pays pauvres.
En 1997, de retour de la Xème Conférence Internationale sur le Sida en Afrique (CISMA), la France lançait le FSTI (Fonds de Solidarité Thérapeutique International) destiné à permettre l’accès aux traitements contre le sida, et notamment aux antirétroviraux dans les pays en développement. Cependant, les montants dérisoires alloués à ce fonds par le gouvernement (quelques 6 millions d’euros en 4 ans) sont responsables de l’incapacité de la France à mobiliser la participation d’autres gouvernements et financeurs, ainsi que du nombre insignifiant de programmes mis en place et donc de malades soignés (5 programmes, dont deux seulement concernent l’accès aux antirétroviraux à proprement parler). En juin 2001, la France a ratifié aux Nations-Unies un engagement solennel à « entrer en guerre » contre l’épidémie de sida, qui, selon l’ONU, représente une menace sans précédent de la sécurité internationale. Les besoins pour agir ont été estimés à plus de 12 milliards d’euros par an. Pour autant, la France, par l’intermédiaire de Lionel Jospin, s’est contentée d’une promesse de contribution de 50 millions d’euros par an sur 3 ans – une contribution deux fois moins importante pour 2002 que celle d’un petit pays comme l’Irlande. La France, qui n’a de cesse de répéter par la voix de son Président, de son Premier Ministre ou de son Ministre de la Santé, que l’accès aux traitements contre le sida ne peut être refusé aux pays pauvres, doit aujourd’hui mettre son action en conformité avec les principes qu’elle revendique et contribuer de façon décente à l’effort financier international. A l’heure actuelle, l’OMS estiment que sur les 36 millions de personnes atteintes par le sida vivant dans des pays qui ne bénéficient pas d’une bonne accessibilité aux médicaments, environ 10 millions de personnes sont dans un état de santé qui nécessitent une mise sous trithérapie immédiate. Aujourd’hui, on compte dans ces pays environ 200 000 personnes sous antirétroviraux. En effet, les initiatives de prise en charge lancées ces dernières années dans les pays africains ne concernent, faute de moyens, qu’un nombre très restreint de malades (de quelques centaines à quelques milliers). Cependant, à partir des pôles médicaux existant, il est désormais techniquement possible d’accroître de façon significative le nombre des personnes traitées et ainsi sauvées, si les moyens financiers nécessaires sont mobilisés. Les besoins actuels se chiffrent en milliards d’euros pour financer l’achat des traitements (dont les prix ont pour la plupart considérablement baissé dans les pays en développement depuis l’arrivée des génériques), le renforcement des structures de prise en charge et des initiatives d’ores et déjà opérationnelles. Compte tenu des moyens à disposition de l’État français, sa contribution à la lutte contre l’épidémie et pour l’accès aux traitements dans les pays pauvres ne saurait être inférieure à 1 milliard d’euros par an, sauf à reconnaître l’hypocrisie de ses engagements et le maintien de politiques racistes et criminelles à l’égard des populations de ces pays. Devant les électeurs, Lionel Jospin devra faire un choix : condamner des millions de personnes et porter publiquement la responsabilité de leur complicité à une catastrophe sanitaire sans précédent, ou intervenir, ENFIN.