Le Front National prône l’enfermement des séropositifs dans des camps : les «sidatoriums». Le Pen fait le tri entre «les victimes innocentes et les malades de la sodomie» (France Inter, 3 mars 95). Il est raciste, antisémite, négationniste, sexiste et homophobe. C’est un ancien tortionnaire de la guerre d’Algérie. Nous n’avons pas survécu au sida jusqu’ici pour voir ça. Le 5 mai, nous appelons à voter pour Chirac, la mort dans l’âme. Nous sommes homosexuels, séropositifs, prostitués, détenus ou usagers de drogues. Face au Front National, nous ne pouvons pas nous permettre de jouer la politique du pire.
Lutter contre le FN ne se limite pas au scrutin du 5 mai. Au delà, nous attendons de la gauche qu’elle gagne les élections législatives. Sinon, nous aurons à subir plusieurs années d’un gouvernement de droite soumis à l’influence du FN. Mais seule une gauche parlementaire transformée pourra gagner les législatives.
Une gauche qui retrouve son électorat précaire et qui, entre autres, augmente immédiatement tous les minima sociaux. Une gauche qui protège les minorités que le Front National menace : régularisation de tous les sans-papiers, abolition de la double peine, légalisation de toutes les drogues, lutte contre les discriminations, égalité des droits entre couples homosexuels et hétérosexuels et donc accès au mariage pour tous, libération des détenus atteints de pathologie grave. Une gauche qui soutient les malades menacés par les intérêts de l’industrie pharmaceutique et qui engage les moyens nécessaires pour assurer l’accès aux traitements du sida dans les pays pauvres.
On ne lutte pas contre l’extrême-droite en s’appropriant le discours de la droite sur l’insécurité, la rigueur budgétaire et le contrôle de l’immigration. Le seul moyen qu’a le PS pour lutter contre le FN, c’est d’avoir une campagne et une politique de gauche. Ce qui s’est passé le 21 avril ne doit plus se reproduire.