Act Up-Paris se réjouit de la présence au gouvernement de deux ministres homosexuels. Nous espérons qu’il faut y voir un signe que ce gouvernement saura respecter les minorités sociales et politiques que sont les malades du sida, les homosexuels, les lesbiennes, les étrangers, les usagers de drogues, les femmes, les précaires et les prostitué-e-s.
Pourtant, rien n’est moins sûr. La présence au gouvernement de personnes notoirement homophobes, qui ont violemment combattu le PaCS et les homosexuels en 1998, laisse craindre le pire. À ce titre, ce gouvernement est déjà le gouvernement du déshonneur. Cette présence concomitante d’homosexuels et d’homophobes au gouvernement pourrait donc en donner le ton : une ouverture de façade pour une politique extrêmement sécuritaire et conservatrice.
Les derniers gouvernements de droite nous ont laissé d’amers souvenirs : répression des sans-papiers par la multiplication des arrestations, des expulsions et l’instauration des lois Pasqua-Debré ; répression des précaires, gel des minima sociaux, Plan Juppé ; censure des campagnes de prévention du sida ; répression des usagers de drogues ; promesses non tenues en matière d’aide financière aux pays en voie de développement (les «100 millions Balladur») ; augmentation des incarcérations.
Les «vraies urgences»
Alain Juppé a indiqué mardi 30 avril que le nouveau gouvernement devra s’attaquer aux «vraies urgences». Pour nous le sida en est une. Pourtant, il ne figurait pas dans le programme du candidat Chirac. Et il ne figure pas aujourd’hui dans les préoccupations affichées du nouveau gouvernement.
Nous n’oublions pas le passé. Nous n’oublions pas la violence des propos homophobes tenus lors des débats sur le PaCS au Parlement. Nous savons que ceux qui nous ont combattu hier nous combattront demain.
Pour Jacques Chirac, le «temps de l’action» est venu. Pour Act Up, le temps du combat continue.
Nous resterons vigilants. Nous ne laisserons rien passer.