Pour les deux millions de personnes bénéficiaires de l’AAH (569,38 € par mois) ou de revenus équivalents (minimum vieillesse, par exemple), la CMU représente une véritable régression.
La plupart du temps, elles disposaient d’une couverture sociale totalement gratuite dans le cadre de l’aide départementale. Depuis le 1er janvier 2000 et la mise en œuvre de la CMU, elles sont tenues de cotiser pour bénéficier du régime complémentaire, nécessaire notamment pour couvrir des soins dentaires ou le forfait hospitalier. Le plafond de ressources mensuelles de la complémentaire gratuite a été fixé par décret à un montant de 548,82 €. Pour moins de 20 € par mois, ces personnes passent donc d’un système gratuit à un système payant.
Cette exclusion est le résultat d’une politique consciente du gouvernement Jospin. Celui-ci a sacrifié deux millions de précaires à des impératifs budgétaires – de la même manière qu’il a exclu les sans-papiers de cette couverture dite « universelle ».
Avec les élections 2002, ces deux millions de personnes sont autant d’électeurs qui ont le pouvoir de sanctionner la politique de Jospin. Le Premier Ministre a tout intérêt à prolonger par décret, et de façon exceptionnelle, la gratuité des soins pour les bénéficiaires de l’AAH et du minimum vieillesse comme cela a été fait jusqu’au dernier semestre 2001. Il doit aussi fixer un nouveau plafond de ressources pour la complémentaire gratuite, supérieur à l’AAH, par décret ; et si besoin est, inscrire cette mesure dans le calendrier parlementaire.