L’Egypte continue de bafouer les droits de l’homme. Alors que partout dans le métro parisien fleurissent des publicités pour l’office du tourisme égyptien, cinq hommes ont été déclarés coupables de «pratiques sexuelles contraires à l’islam» le 12 mars dernier. Jugés, en raison de leur homosexualité supposée, par le tribunal correctionnel de Damanhour, ils ont été condamnés à une peine de trois ans de prison, assortie d’une mise à l’épreuve de trois ans.
Selon l’International Gay and Lesbian Human Rights Commission (IGLHRC), les cinq hommes ont fait état, lors de leur procès le 4 mars, de séances de torture aux électrochocs et de passages à tabac, et ce pendant les deux mois de leur incarcération. Déjà, dans le dernier numéro d’Action, Act Up-Paris dénonçait l’arrestation au Caire le 11 mai 2001 de près de 60 personnes pour « violation des enseignements de la religion et propagation d’idées dépravées et d’immoralité sexuelle ». Vingt-trois avaient été condamnées le 14 novembre 2001 par un tribunal d’exception, sans possibilité de faire appel, à des peines de prison avec travaux forcés allant de trois à cinq ans. Depuis des années, les tribunaux d’exception appliquaient la Charia avec sévérité. Cette fois, le jugement a été prononcé par un simple tribunal de première instance. Contrairement aux condamnés du Caire, les cinq hommes peuvent faire appel. Mais ce changement marque une nouvelle étape de la persécution homophobe. Le gouvernement de Moubarak n’a tenu aucun compte du peu de remarques qu’ont pu lui faire ses homologues étrangers. Conscient que ses partenaires économiques ont du mal à fermer les yeux sur une rafle de grande ampleur comme celle de l’année dernière, Hosni Moubarak a décidé d’agir à plus petite échelle. Il est clair que le gouvernement égyptien ne se contente plus de « rassurer » les extrémistes religieux. Avec l’assentiment du gouvernement égyptien, c’est l’instauration d’une véritable politique discriminatoire qui suit son cours. Encore une fois, comme ce fut le cas pour les hommes décapités en Arabie Saoudite, les homosexuels jouent le rôle de bouc émissaire dans une société qui peine à contenir ses tendances réactionnaires. Le gouvernement français porte sa part de responsabilité dans cette situation. La France n’hésite pas à recevoir Hosni Moubarak lors du sommet du Nouveau partenariat économique pour le développement en Afrique (NEPAD), ainsi que d’autres dirigeants africains aussi peu recommandables, d’ailleurs. Si Jacques Chirac a glissé un mot à son homologue égyptien, au sujet de son «inquiétude», il fallait être vraiment bien renseigné pour voir au-delà de la complicité de mise sur les photos de presse. Les autorités françaises ont préféré évacuer la dizaine d’associations de la place de la Concorde, le jour du sommet, qui s’apprêtaient à déployer des banderoles au passage du cortège du président égyptien. Act Up-Paris exige que le droit d’asile soit accordé aux homosexuels persécutés dans leur pays. Act Up-Paris exige également que la France et l’Europe cessent de cautionner les régimes criminels qui bafouent les droits des homosexuelLEs, des femmes et des trans.