Depuis quelque temps, il y a d’étranges mouvements entre certains responsables associatifs et l’industrie ou d’autres instances.
On apprend qu’Erik Remes postule pour un job de conseiller en sexualité auprès du Kiosque, à Paris. Ça va être sympa, imaginez la discussion : «Lis mon livre, page 129, on explique comment contaminer un séronégatif». On sait que certains anciens militants (d’Act Up d’ailleurs), ont créé des sociétés de communication qui mangent littéralement dans la main des industriels. On voit d’autres représentants associatifs rejoindre carrément les départements VIH des laboratoires pharmaceutiques. Ça, ce n’est pas nouveau, il y a des années que des ex-membres du TRT-5 livrent toutes les ficelles cachées de l’activisme aux multinationales. A la rigueur, on peut penser qu’il est toujours intéressant d’éduquer les industriels «de l’intérieur».
Mais un nouveau pas vient d’être franchi en février dernier. Un ancien cadre de Aides, Jérôme Soletti, a été nommé au poste de relation avec les corps de santé et les associations de patients du SNIP (Syndicat National de l’Industrie Pharmaceutique). Rappellons que Jérôme a 40 ans ; juriste de formation, il a passé l’intégralité des années 90 à Aides et était particulièrement actif dans le département thérapeutique. C’est dire s’il a assisté (et participé) à de nombreuses batailles menées entre les associations et les laboratoires, sur le sujet du compassionnel en particulier. Il faut aussi préciser que le SNIP est le centre névralgique de l’esprit le plus avide de profits de cette industrie qui, on le sait, regarde avec indifférence les malades des pays en développement tout en s’accrochant à ses brevets. Rejoindre le saint du saint de l’industrie quand cette dernière intensifie de plus en plus sa pression sur les associations, c’est déjà dur. Travailler sur les relations avec les patients, quand on a viré de bord, est encore plus tordu. Le pire, c’est que tout ceci vise à faire croire que le SNIP s’ouvre enfin aux attentes des associations de malades, quand le responsable de ces relations va faire office de délateur de toutes les stratégies militantes.
Les associations ont nourri Soletti pendant des années. Les associations lui souhaitent une carrière longue, fructueuse, qui lui permettra de digérer par le menu son mauvais karma.